Le Togo suspend RFI et France 24 #rwanda #RwOT

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La Haute Autorité de l'audiovisuel et de la communication a justifié sa décision en relevant que les rédactions parisiennes, par la diffusion répétée de propos jugés " inexacts, tendancieux, voire contraires aux faits établis ", portaient atteinte à la stabilité des institutions républicaines togolaises ainsi qu'à l'image du pays. En d'autres termes, ces manquements, assimilés à une forme de falsification médiatique, auraient contribué à fausser la perception de l'opinion publique, ébranlant la confiance nécessaire au bon fonctionnement d'un État fondé sur le droit et le pluralisme.

Or, chaque entorse à la déontologie et à l'éthique professionnelle mine davantage la crédibilité déjà vacillante de ces grandes chaînes occidentales qui, fortes de leur audience planétaire, s'érigent volontiers en procureurs des réalités africaines. Lorsque la fonction d'informer cède à la tentation du parti pris, le magistère moral qu'elles prétendent exercer s'effrite inexorablement ; l'autorité qu'elles revendiquent n'apparaît plus que comme un simulacre dévoyé, incapable de masquer la fracture grandissante entre un discours péremptoire et la rigueur factuelle qu'exigerait pourtant toute authentique démarche journalistique.

Cette mesure, que d'aucuns jugeront draconienne, rétrécit un peu plus l'assise ouest africaine des deux médias publics français, déjà frappés d'interdiction au Mali, au Burkina Faso et au Niger, où des juntes militaires tolèrent mal les frondes journalistiques perçues comme autant d'immixtions étrangères.

Dans son communiqué, la HAAC rappelle que " le pluralisme des opinions ne saurait servir de paravent à la diffusion de contre vérités " : le libre exercice de la presse, soutient elle, ne doit pas dériver en désinformation ni en ingérence. Une rhétorique qui, dans un climat d'inquiétude croissante autour de la liberté d'informer, trouve néanmoins des échos dans d'autres capitales désireuses de protéger, fût ce au prix de sanctions, leur propre narratif.

RFI et France 24, de leur côté, ont pris acte " avec stupeur " d'une suspension notifiée sans le moindre préavis, alors même qu'un dialogue qu'elles qualifient de " soutenu et constructif " se poursuivait avec le régulateur togolais. L'ONG Reporters sans frontières n'a pas tardé à condamner " la suspension arbitraire " infligée à ces antennes réputées pour leur audience continentale et, plus largement, à déplorer le recul des libertés fondamentales dans la sous région.

Au début de ce mois de juin, une flambée de contestation, attisée sur les réseaux sociaux par la jeunesse et par certains acteurs de la société civile, a agité Lomé : on y dénonçait la vague d'arrestations visant les voix critiques, la hausse du prix de l'électricité et surtout la récente réforme constitutionnelle.

Ainsi, au delà de la sanction administrative, c'est l'essence même du journalisme recherche obstinée de la vérité, confrontation des points de vue, rappel constant des faits qui se trouve sur le banc des accusés.

Les trois mois d'interdiction prononcés contre RFI et France 24 paraîtront courts à l'échelle de l'histoire ; ils n'en demeurent pas moins lourds de symbole.

La Haute Autorité de l'audiovisuel et de la communication (HAAC) du Togo a ordonné la mise sous silence pour trois mois de RFI et France 24

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/Le-Togo-suspend-RFI-et-France-24.html

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