Bintou Keita à Goma #rwanda #RwOT

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Annoncée dans une sobriété quasi liturgique, cette démarche n'en recèle pas moins une charge symbolique d'une rare intensité : elle constitue, de fait, une reconnaissance tacite sinon une légitimation politique des nouvelles autorités issues de l'espace récemment "libéré", et désormais établies à Goma, en dépit des silences diplomatiques que l'ONU préfère entretenir sur les transformations en cours dans l'Est congolais.

Car cette visite ne saurait être lue comme une simple formalité protocolaire. Elle s'inscrit dans une séquence historique marquée par les errements, les silences coupables et les équivoques persistantes de la MONUSCO, dont le discrédit profond auprès des populations du Kivu ne relève plus de la contestation marginale, mais d'un ressentiment collectif largement partagé.

Il suffit d'évoquer les liens pour le moins ambigus que la mission onusienne a entretenus ou tolérés avec certains groupes armés, au premier rang desquels les FDLR, pour comprendre combien Mme Keita ne s'apprête pas à fouler un terrain conquis, mais plutôt à s'exposer en territoire saturé de suspicion, voire d'hostilité silencieuse.

La MONUSCO, dans son incarnation actuelle, porte le fardeau d'un long compagnonnage avec l'inefficacité. Son incapacité chronique à protéger les civils, à démanteler les structures mafieuses et à établir une paix durable en font moins un acteur de stabilisation qu'un symbole de paralysie bureaucratique.

Les Congolais de l'Est, habitués à pleurer leurs morts dans l'indifférence feutrée des chancelleries internationales, ne sont pas dupes des postures diplomatiques. La présence de Mme Keita à Goma sera donc scrutée non comme un geste d'accompagnement neutre, mais comme une épreuve de vérité : acceptera-t-elle de regarder en face les responsabilités anciennes et les compromis passés, ou poursuivra-t-elle, sous couvert de langage diplomatique, la stratégie de l'oubli institutionnalisé ?

Ce déplacement, pour être digne, devrait s'accompagner d'une parole claire, ferme et responsable, qui reconnaisse les fautes et ouvre un nouveau cycle, fondé non sur le paternalisme, mais sur la reddition de comptes et le respect des aspirations profondes des Congolais. A défaut, il ne sera perçu que comme un énième acte de théâtre onusien, creux dans son contenu, et nuisible dans ses effets.

La République démocratique du Congo n'a que trop souffert de la dissonance entre les discours de solidarité internationale et les réalités du terrain. Si l'ONU souhaite encore prétendre à un rôle crédible dans la reconstruction de l'Est, elle devra s'arracher à son confort diplomatique pour écouter réellement la clameur de ceux qu'elle prétend protéger.

Le temps des ronds de jambe est révolu ; celui de la vérité commence ou s'effondre à jamais.

Certaines visites diplomatiques, loin d'apaiser, ravivent les douleurs. Ainsi en est-il de l'arrivée annoncée de Mme Bintou Keita à Goma, au cœur des tensions sécuritaires dans les Kivu

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/Bintou-Keita-a-Goma.html

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