
Il ne saurait désormais être question de continuer à plaquer sur des réalités africaines des schémas exogènes, souvent inadaptés, voire contre-productifs.
Ce qui s'impose, avec une acuité grandissante, c'est l'élaboration de solutions enracinées dans les contextes endogènes, forgées par les Africains eux-mêmes, au terme d'un processus d'introspection lucide et d'engagement collectif. Cette dynamique de refondation ne saurait s'accomplir sans une redéfinition profonde du leadership, envisagé non plus comme l'expression d'un pouvoir vertical et patrimonial, mais comme l'art de susciter l'adhésion autour d'un projet de société fondé sur la justice, l'efficience et la vision stratégique.
Il s'agit moins d'imiter que d'innover, moins de subir que d'assumer, en un mot, de se constituer en sujets pleinement acteurs de leur destin historique, rompant ainsi avec l'hétéronomie qui a trop longtemps entravé l'émancipation africaine.
le 2 avril 2024, à l'instant solennel de sa prestation de serment, alors que les regards du continent étaient tournés vers Dakar, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye inscrivait d'emblée son magistère dans une perspective résolument panafricaine.
En des termes d'une clarté sans équivoque, il rendait hommage à l'un des symboles les plus éloquents du redressement et de la refondation étatique en Afrique contemporaine : " Le leadership, le charisme et la vision du Président Kagame sont une boussole pour tous les dirigeants africains, et moi le premier. "
Par cette profession de foi, il ne s'agissait nullement d'une révérence convenue, mais bien d'une déclaration d'intention stratégique : celle d'un chef d'État conscient que la gouvernance du XXIe siècle ne saurait se construire sur les ruines du clientélisme et les impasses de la dépendance, mais exige, au contraire, une verticalité éthique, une lucidité politique et une vision structurante.
Dans le cadre prestigieux du 12e Forum des CEO africains à Abidjan en Côte d'Ivoire, le président Diomaye enfonçe le clou avec la gravité d'un homme d'État pour qui la parole engage : " Nous pouvons apprendre du Rwanda, en particulier dans le domaine des infrastructures. "
Cette assertion, appuyée par une reconnaissance explicite du rôle normatif que le Rwanda joue aujourd'hui sur la scène continentale, témoigne d'un changement de paradigme : un renversement de l'imaginaire africain, où la centralité du modèle de développement ne se cherche plus exclusivement dans les capitales occidentales, mais s'élabore à partir d'expériences africaines, pensées et réalisées par des Africains, pour des sociétés africaines.
Le Rwanda, sous l'impulsion du Président Kagame, s'est en effet hissé, en l'espace de trois décennies, au rang de référence continentale en matière de gouvernance rigoureuse, de lutte contre la corruption, de transformation digitale et de modernisation des infrastructures.
Loin de tout messianisme politique, cette réussite s'enracine dans une volonté ferme de rupture avec les pesanteurs du passé, une discipline institutionnelle sans faille et une volonté politique affirmée de placer l'intérêt général au-dessus des logiques de rente. Si cette trajectoire suscite aujourd'hui l'admiration, c'est parce qu'elle démontre, par les faits, que l'Afrique n'est pas condamnée à l'instabilité, à la dépendance ou à la médiocrité politique.
En reconnaissant cette exemplarité sans ambages, le président Diomaye fait uvre d'humilité politique et de clairvoyance stratégique. Il affirme ainsi, à contre-courant de certaines postures frileuses ou orgueilleusement autarciques, que l'apprentissage par les pairs n'est pas une faiblesse mais une force, que l'élévation du continent passera aussi par une circulation des modèles endogènes de réussite, par une coopération intra-africaine libérée des jalousies stériles et des compétitions de façade.
Cette posture s'inscrit dans une nouvelle grammaire du leadership africain : un leadership de responsabilité partagée, de redevabilité démocratique et d'exigence technique. Il invite à concevoir l'exercice du pouvoir non comme une rente, mais comme une fonction au service de la transformation structurelle des sociétés. Il appelle, enfin, à substituer à la rhétorique surannée du panafricanisme incantatoire une praxis panafricaine ancrée dans l'efficacité, la transparence et la vision à long terme.
Que des voix de cette trempe s'élèvent aujourd'hui en Afrique, et qu'elles placent le développement comme horizon non négociable de l'action publique, voilà sans doute un signe des temps.
Et si, de Dakar à Kigali, un nouvel axe de cohérence politique et de dignité continentale est en train de se dessiner, il revient à tous les peuples africains d'en faire le socle d'une renaissance véritable, nourrie de lucidité, d'exemplarité, et de courage.

Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Quand-l-exemplarite-du-President-Kagame-devient-boussole.html