Les décisions prises par l'ambassade des États-Unis en République Démocratique du Congo, de la MONUSCO, ainsi que les mises en garde émises par diverses chancelleries, apparaissent indéniablement comme une réponse directe aux actes de vandalisme qui ont récemment frappé les ambassades étrangères à Kinshasa.
Toutefois, une réflexion plus approfondie invite à s'interroger sur la véritable nature de ces mesures. Sont-elles simplement le fruit de l'indignation suscitée par ces violences, ou dissimulent-elles des informations d'une autre ampleur concernant une insécurité jugée croissante, et potentiellement explosive, au sein de la capitale congolaise ?
Derrière ces apparentes réponses réactives, il est plausible que se cache une évaluation bien plus grave de la situation sécuritaire, que les autorités diplomatiques préfèrent traiter avec prudence, sans pour autant divulguer pleinement l'ampleur des menaces qui pèsent sur Kinshasa.
Ces démarches pourraient ainsi traduire des préoccupations sur une instabilité grandissante, dont les ramifications pourraient dépasser les frontières du visible, suggérant que le péril s'étend bien au-delà des violences immédiates, et pourrait déboucher sur une situation de déstabilisation incontrôlable.
Alors même que l'insécurité est généralement associée aux zones de conflit de l'Est, la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) a jugé nécessaire d'évacuer l'ensemble des familles de son personnel étranger en raison de préoccupations sécuritaires croissantes.
Ce choix, pour le moins déroutant, soulève une interrogation fondamentale : comment comprendre qu'une capitale située à plus de deux mille kilomètres de Goma, foyer des violences actuelles, puisse être perçue comme de plus en plus vulnérable à une insécurité grandissante ?
Cette décision met en exergue une appréhension généralisée, qui semble transcender les zones de conflit immédiates pour embrasser une instabilité plus large, où les tensions politiques et sociales, exacerbées par les arrestations arbitraires et persécutions des opposants politiques, trouvent des répercussions profondes au sein même de la capitale congolaise.
Une telle situation révèle la fragilité de l'équilibre national et pose la question de la pérennité de l'ordre public dans un contexte de division et d'incertitude.
Ladécision de la Monusco émane d'une note interne récemment diffusée au sein de l'organisation, précisant que l'évacuation concernera exclusivement les personnes à charge du personnel international. Celle- ci est fixée pour une durée initiale de trois mois, avec une réévaluation mensuelle en fonction de l'évolution de la situation sécuritaire.
Cette mesure n'est pas simplement le reflet d'un souci de protection mais elle met en lumière l'adaptabilité requise face à une situation sécuritaire mouvante et imprévisible.
La MONUSCO, en manifestant une telle prudence, démontre la persistance de l'instabilité qui continue de fragiliser non seulement les zones directement affectées par le conflit, mais également la capitale, qui, bien que géographiquement éloignée de l'Est du pays, n'en demeure pas moins vulnérable à la contagion des violences et des tensions politiques.
Ce choix de réévaluation mensuelle implique que la situation est considérée comme instable et susceptible de se détériorer à tout moment, incitant ainsi à une vigilance continue. Il apparaît ainsi que même les zones perçues comme relativement éloignées du front sont désormais perçues comme susceptibles de basculer dans l'instabilité, un facteur déterminant qui exige des ajustements permanents dans les stratégies de protection et de sécurité de l'organisation.
La fragilité des institutions congolaises, conjuguée à la persistance des tensions politiques internes, alimentées par des rivalités de pouvoir de plus en plus aiguisées, semble avoir plongé Kinshasa dans une instabilité d'une nature profondément imprévisible.
Cette situation complexe, à la croisée des enjeux politiques et de gouvernance, déstabilise progressivement le tissu même de la capitale, exposant ainsi la sécurité des résidents, y compris des diplomates étrangers, à des risques croissants.
Loin de se cantonner aux zones de conflit immédiates, cette instabilité touche désormais les fondements mêmes de l'ordre public, créant un climat d'incertitude et de vulnérabilité généralisée, susceptible de se propager bien au-delà des lignes de front traditionnelles, menaçant la stabilité et la pérennité de la capitale dans son ensemble.
Il devient crucial de questionner les causes profondes de cette insécurité grandissante et de rechercher des solutions durables pour rétablir un climat de sécurité et de confiance dans la capitale congolaise.
Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Kinshasa-en-insecurite-grandissante.html