Le Président Kagame a souligné la relation historique de l'Afrique avec la Chine, qui remonte à l'époque de l'indépendance des pays africains, où la Chine a été un soutien clé pour de nombreuses nations. Il a également mis en avant les bénéfices tangibles de l'engagement chinois avec l'Afrique, notamment en termes d'investissements commerciaux et d'infrastructures. En prenant l'exemple du Rwanda, le Président Kagame a indiqué que le volume commercial entre le pays et la Chine a explosé ces dernières années, passant de 30 millions de dollars à plus de 150 millions de dollars grâce à des initiatives comme la suppression des tarifs douaniers.
" Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Le commerce entre le Rwanda et la Chine a augmenté de 274 % en 2023 par rapport à 2018. Ce sont des bénéfices réels pour les pays africains ", a déclaré le Président. Il a également précisé que les agriculteurs rwandais bénéficient d'un revenu supplémentaire de 4 dollars par kilogramme de café vendu à la Chine, ce qui témoigne de l'impact positif de ces relations commerciales.
Le Président a mis en lumière les projets d'infrastructures en cours au Rwanda, financés par la Chine, qui soutiennent le développement durable du pays. Il a cité en exemple la construction de l'hôpital de référence et d'enseignement de Masaka, la modernisation de l'hôpital de district de Masaka en un centre hospitalier universitaire, et la construction de la centrale hydroélectrique de Nyabarongo. Ces projets, d'une valeur de millions de dollars, illustrent l'engagement de la Chine envers le développement de l'Afrique et contribuent à améliorer les conditions de vie des populations locales.
Paul Kagame a également répondu aux critiques fréquentes concernant l'implication de la Chine en Afrique, notamment celles qui dénoncent un " piège de la dette ". Il a insisté sur le fait que la gestion des prêts et des investissements, plus que leur origine, est déterminante pour éviter des problèmes économiques. Selon Kagame, les pays africains doivent être plus vigilants et assurer une gouvernance rigoureuse dans la gestion des projets d'infrastructure financés par la Chine.
" Les risques liés à la dette dépendent de la gouvernance. Ce n'est pas la nature des prêts chinois qui pose problème, mais plutôt la manière dont ils sont gérés ", a-t-il déclaré.
Le Président a également salué la politique de la Chine, qui se distingue par son absence de conditions contraignantes attachées à ses prêts et à ses investissements en Afrique, contrairement aux engagements traditionnels des pays occidentaux, souvent assortis de conditions strictes. Selon Kagame, cette approche flexible est un atout majeur pour de nombreux pays africains, qui peuvent ainsi développer leurs infrastructures sans se soumettre à des exigences politiques difficiles à satisfaire.
Le Président Kagame a mis l'accent sur l'importance d'un nouvel ordre mondial dans lequel le Sud global joue un rôle central. Selon lui, la véritable stabilité mondiale ne peut être atteinte que lorsque les pays du Sud global, y compris ceux d'Afrique, unissent leurs forces. Il a exprimé l'idée que le Sud global doit travailler ensemble pour mieux peser dans la balance mondiale et obtenir des résultats qui profitent à ses peuples.
" Nous devons travailler ensemble pour assurer une stabilité mondiale véritable, et non imposée par une poignée de pays. Si nous sommes capables de nous unir, les bénéfices viendront à nous ", a-t-il conclu.
Le président Nangolo Mbumba de la Namibie a également pris la parole, affirmant que la coopération avec la Chine suit un modèle similaire à celui du Rwanda. La Namibie, qui exporte du bétail, des raisins et des dattes vers la Chine, bénéficie également de l'intérêt de Pékin pour ses ressources minières, notamment l'uranium. " La Chine n'impose pas de conditions. Elle ouvre simplement le commerce et, si d'autres pays veulent rivaliser, la compétition est ouverte ", a ajouté Mbumba, soulignant que les relations entre son pays et la Chine sont basées sur la coopération et la compréhension mutuelle.
Le Président Kagame n'a pas manqué de réaffirmé les bénéfices de l'implication de la Chine en Afrique, avec des résultats concrets pour le développement économique et social du continent. Il a exhorté les pays africains à être plus autonomes et à exploiter pleinement les opportunités offertes par la Chine, tout en évitant les pièges de mauvaises pratiques de gestion. Pour Kagame, la Chine est un partenaire clé pour le développement durable de l'Afrique et pour un nouvel ordre mondial plus juste et équilibré.
Alain Bertrand Tunezerwe