Ce programme innovant a été mené en collaboration avec le professeur David Bradley, spécialiste des maladies cardiaques de l'Université du Michigan. Son expertise a permis à l'équipe médicale de bénéficier d'une formation et de pratiques de traitement à la pointe de la technologie, notamment l'utilisation des cathéters cardiaques pour diagnostiquer et traiter les anomalies cardiaques.
Les maladies cardiaques représentent aujourd'hui l'une des principales causes de mortalité à l'échelle mondiale. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), en 2021, elles ont causé la mort de 20,5 millions de personnes, soit une augmentation considérable par rapport aux 12,1 millions de décès enregistrés en 1990. Ce fléau touche particulièrement les pays en développement, où 80 % des décès dus à des maladies cardiaques surviennent. Le Rwanda, comme de nombreux autres pays de la région, était confronté à un manque d'infrastructures médicales pour traiter efficacement ces maladies.
L'introduction de la technologie d'électrophysiologie représente donc un progrès majeur, non seulement pour le pays, mais aussi pour la région. Désormais, les Rwandais peuvent bénéficier de traitements modernes et efficaces sans avoir à se rendre à l'étranger, dans des pays comme l'Inde, l'Europe ou les États-Unis.
L'électrophysiologie est une technique médicale avancée qui permet de diagnostiquer et de traiter les troubles du rythme cardiaque. En utilisant des cathéters cardiaques â€" de fins tubes souples insérés dans les vaisseaux sanguins jusqu'au cœur â€" les médecins peuvent mesurer la pression sanguine, vérifier le rythme cardiaque, et localiser précisément les zones du cœur responsables des anomalies.
Ces cathéters sont utilisés pour des procédures diagnostiques, mais aussi thérapeutiques, comme la correction de troubles du rythme cardiaque. L'une des interventions les plus courantes en électrophysiologie est l'ablation, qui consiste à détruire les cellules cardiaques responsables des arythmies à l'aide d'énergie thermique (radiofréquence) ou de froid (cryothérapie).
Lorsqu'un patient présente des troubles du rythme cardiaque, l'électrophysiologie permet de localiser avec précision la zone affectée et, si nécessaire, de la traiter rapidement et efficacement. Cette procédure est non seulement plus sûre, mais elle permet aussi une récupération plus rapide par rapport à d'autres traitements plus invasifs.
Au cours des dernières semaines, l'Hôpital King Faisal a pu tester cette technologie sur plusieurs patients, dont des enfants et des adultes, avec des résultats prometteurs. Les traitements ont permis de corriger des arythmies cardiaques et d'améliorer considérablement la qualité de vie des patients.
"Ce traitement est d'une importance capitale, car il permet aux Rwandais, qui auparavant devaient se rendre à l'étranger pour ces soins, de recevoir un traitement localement," a déclaré un porte-parole de l'hôpital. "C'est un grand soulagement pour nos patients et leurs familles, et cela ouvre la voie à un avenir où ces technologies seront disponibles à l'échelle nationale."
En plus du traitement, cette collaboration a été l'occasion de former des médecins spécialisés en cardiologie. L'objectif est de pérenniser cette technologie au Rwanda et d'en faire un standard dans les soins de santé, permettant ainsi à un plus grand nombre de patients de bénéficier de soins de haute qualité sans avoir à quitter le pays.
Avec l'augmentation constante des maladies cardiaques dans le monde et en Afrique, l'introduction de traitements innovants comme l'électrophysiologie est une lueur d'espoir pour de nombreux patients. Les médecins et les responsables de la santé au Rwanda sont optimistes quant à la capacité de ces technologies à réduire le nombre de décès dus aux troubles cardiaques dans les années à venir.
Ce développement souligne également l'importance de la coopération internationale dans le domaine de la santé, permettant aux pays en développement d'accéder à des technologies avancées et de renforcer leurs systèmes de santé.
L'initiative menée par l'Hôpital King Faisal est un exemple frappant de l'évolution de la médecine au Rwanda. Alors que le pays se transforme en un centre régional pour les soins de santé de qualité, la mise en œuvre de la technologie d'électrophysiologie représente une étape cruciale pour offrir à ses citoyens des traitements à la hauteur des standards mondiaux.
Avec l'élargissement de la formation des médecins et la mise en place de structures capables de dispenser ces traitements, le Rwanda est bien parti pour devenir un leader régional dans la lutte contre les maladies cardiaques. La vision est claire : un avenir où la cardiologie de pointe est accessible à tous, sans frontières.
Alain Bertrand Tunezerwe
