Lors de la présentation de son rapport devant les deux chambres du Parlement, Madeleine Nirere a fait état de l'impact de cette situation sur les agriculteurs, ainsi que des pertes économiques résultantes. L'usine, située à Masoro, devait jouer un rôle clé dans la filière soie du pays. Toutefois, le retrait de l'investisseur HEworks Rwanda Ltd, initialement en charge de l'exploitation de l'usine, a provoqué un arrêt des activités et des pertes pour les producteurs.
" Concernant la culture du mûrier et l'élevage des vers à soie, il persiste des problèmes. Un contrat avait été signé entre NAEB et HEworks Rwanda Ltd, mais cela n'avait pas fonctionné, entraînant des pertes pour les agriculteurs ", a déclaré Nirere. Elle a expliqué que la culture du mûrier, nécessaire à l'élevage des vers à soie, devait être pratiquée sur 10 000 hectares et impliquait plus de 5 000 agriculteurs à travers le pays.
L'usine, construite en 2019 avec un investissement de 900 millions de francs rwandais, devait produire entre 70 et 100 tonnes de soie par an, mais reste inutilisée depuis la rupture du contrat par HEworks Rwanda Ltd en 2021. Ce désengagement a provoqué une interruption des activités, et de nombreux agriculteurs ont arraché leurs mûriers face à l'incertitude.
" NAEB et RDB ont été chargées de trouver un nouvel investisseur pour exploiter l'usine, ce qui permettrait également aux agriculteurs d'éviter de nouvelles pertes. Certains ont arraché leurs plants, mais d'autres continuent ", a précisé Madeleine Nirere.
L'usine, qui aurait pu booster l'industrie de la soie au Rwanda, a été affectée par la pandémie de Covid-19, selon Nirere. L'investisseur s'est retiré en raison de l'incapacité à supporter les pertes engendrées par la crise sanitaire.
Malgré ces défis, les efforts se poursuivent pour relancer l'usine et revitaliser la filière soie. NAEB est actuellement à la recherche d'un nouveau partenaire pour reprendre l'exploitation. Entre 2011 et septembre 2024, le Rwanda a exporté 152,3 tonnes de soie, générant 535 000 dollars entre 2019 et 2023. La relance de l'usine est cruciale pour permettre au pays de tirer parti de son potentiel dans cette industrie et d'accroître les revenus des agriculteurs.
La réhabilitation de cette filière représente un enjeu économique majeur pour le Rwanda, qui cherche à diversifier ses sources de revenus à l'exportation. Le gouvernement reste déterminé à trouver des solutions durables et à renforcer l'engagement des agriculteurs dans la culture du mûrier, avec l'espoir qu'un nouvel investisseur permettra de relancer la production de soie à grande échelle.
Alain-Bertrand Tunezerwe
