Là-haut, sur ces collines du Sud-Kivu, vivent les Tutsi Banyamulenge, ces enfants des montagnes congolaises que l'Histoire, dans son injustice, a voués à l'exil intérieur. Depuis des décennies, ils sont pourchassés, déshumanisés, et traqués pour la seule raison d'être ce qu'ils sont : Tutsi, porteurs d'une identité que les artisans de la haine ont érigée en malédiction.
Leur souffrance n'est pas celle d'un conflit ordinaire : elle est la persécution lente, obstinée, d'un peuple réduit au silence. Les milices pro-gouvernementales, se réclamant du label Wazalendo, les FDLR responsables de l'idéologie du génocide, certaines unités des FARDC et des contingents burundais en territoire congolais, se sont ligués dans une alliance tacite de prédation.
Leurs villages sont brûlés, leurs troupeaux décimés, leurs anciens égorgés, leurs enfants contraints à fuir à travers les forêts. Et le monde regarde, muet, comme si l'agonie de Minembwe était un fait de nature et non un crime contre l'humanité.
Justice pour un peuple en sursis
Nous appelons à la justice, non comme à un mot d'ordre politique, mais comme à une exigence morale, vitale. La justice pour Minembwe, c'est le droit à l'existence, le droit de respirer sans craindre d'être pourchassé pour son nom ou son visage. Il ne s'agit pas d'un privilège, mais d'un droit inaliénable que la République démocratique du Congo, les Nations Unies et la communauté internationale ont le devoir sacré de garantir.
Le sang versé dans ces montagnes crie et appelle réparation. Les Banyamulenge, abandonnés de tous, n'ont eu d'autre choix que de développer un instinct de survie face à l'acharnement de leurs bourreaux. Leur dignité est leur ultime rempart. Ils n'ont ni armée, ni État pour les défendre, seulement la mémoire des leurs, la foi en la justice et le courage de survivre malgré tout.
Ce plaidoyer est celui d'une humanité qui refuse l'indifférence. Car se taire devant l'extermination lente d'un peuple, c'est en devenir complice. Minembwe n'a pas besoin de compassion passagère, mais d'une action ferme, d'une reconnaissance claire, et d'une justice impartiale.
Le monde doit se souvenir que l'histoire se répète toujours là où les consciences se taisent.
Justice pour Minembwe, justice pour les Banyamulenge : que cesse enfin le martyre des innocents.
 Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Le-cri-des-collines-oubliees.html