S'exprimant lors de la 80ᵉ session de l'Assemblée générale des Nations unies, le ministre a exprimé son inquiétude face à la militarisation croissante de la RDC et aux alliances avec des groupes tels que les FDLR et les milices Wazalendo, accusés d'utiliser des drones d'attaque et des avions de combat contre des civils, en particulier les Banyamulenge et d'autres communautés tutsi congolaises.
" Cela va à l'encontre de la lettre et de l'esprit de l'accord de paix de Washington ", a-t-il souligné, en référence au cadre global signé sous la médiation du président américain Donald Trump. Cet accord, intégrant des volets sécuritaire, politique et économique, avait été salué comme une " opportunité en or " pour mettre fin à un conflit de plusieurs décennies, enraciné dans la mauvaise gouvernance, la marginalisation et l'idéologie génocidaire.
Malgré des réunions prometteuses à Washington, le ministre a déploré que " les progrès aient été lents ", accusant la RDC de violer des conventions internationales en soutenant une coalition armée appuyée par des forces étrangères. " Le Rwanda appelle la RDC à renoncer à la solution militaire et à mettre en uvre de bonne foi l'accord de paix de Washington, afin de mettre fin à ce conflit qui dure depuis bien trop longtemps ", a-t-il insisté.
L'échec de la MONUSCO et la montée des milices
L'Ambassadeur Nduhungirehe a également critiqué la mission de maintien de paix de l'ONU en RDC, la MONUSCO, pour son incapacité à endiguer la prolifération des groupes armés depuis 1999. Selon lui, la mission collabore indirectement avec des forces telles que les FDLR, déjà visé par plus de vingt résolutions du Conseil de sécurité.
Le ministre a mis en garde contre la milice Wazalendo, armée et soutenue par le gouvernement congolais, accusée de commettre des atrocités rappelant le génocide contre les Tutsi au Rwanda en 1994, notamment l'incendie de villages, le lynchage de civils et l'armement d'enfants pour le nettoyage ethnique.
S'appuyant sur l'histoire rwandaise, il a dénoncé la persistance de l'idéologie génocidaire dans l'est de la RDC, ciblant particulièrement les Tutsi congolais et la communauté des Banyamulenge. " Le ciblage et le massacre de ces populations constituent des crimes contre l'humanité présentant tous les signes précurseurs d'un génocide ", a-t-il averti, en appelant la communauté internationale à agir avant qu'il ne soit trop tard.
Une vision élargie pour la paix et le développement
Au-delà de la crise en RDC, le ministre a réaffirmé l'engagement du Rwanda pour la paix mondiale et le développement durable. Il a plaidé pour une réforme du Conseil de sécurité de l'ONU, estimant que l'Afrique, forte d'1,2 milliard d'habitants, mérite un siège permanent.
Il a également insisté sur le rôle du Rwanda dans le développement durable, en faveur d'un passage de l'aide au commerce pour favoriser l'autonomie des pays en développement. " L'aide au développement doit servir d'outil de solidarité et de progrès, et non comme une arme de coercition ", a-t-il précisé.
Le ministre a rappelé le leadership du Rwanda dans les missions de maintien de paix, y compris les Principes de Kigali de 2015 sur la protection des civils et le Fonds de paix de l'Union africaine, qui a mobilisé plus de 400 millions de dollars, les efforts bilatéraux du pays en République centrafricaine et au Mozambique ayant également renforcé la coopération Sud-Sud et la solidarité panafricaine.
Pour conclure, Nduhungirehe a réaffirmé la disposition du Rwanda à travailler avec les États membres de l'ONU pour renforcer le rôle de l'organisation dans la paix, la justice et le développement durable. " Si les défis et les solutions pour le multilatéralisme sont clairs, c'est la volonté politique qui doit nous guider pour construire une ONU adaptée à sa mission ", a-t-il déclaré, appelant à une action collective pour lutter contre les violations des droits humains, le changement climatique et l'interconnexion mondiale pour les générations futures.
IGIHE