
A travers un soutien logistique, diplomatique et idéologique aux FDLR, résidus armés du génocide contre les tutsi de 1994, ces trois Etats semblent avoir ressuscité les relents d'une politique rétrograde, au mépris des équilibres régionaux déjà précaires.
Le président congolais Félix Tshisekedi, dans des déclarations à la tonalité belliciste répétées, ne s'en est jamais caché plus : il ambitionne explicitement un changement de régime à Kigali, allant jusqu'à affirmer être prêt à bombarder la capitale rwandaise depuis Goma.
Un discours martial relayé avec une ferveur inquiétante par son homologue burundais, Evariste Ndayishimiye, qui, après avoir précipitamment fermé ses frontières avec le Rwanda, a multiplié les propos guerriers.
Son pays, devenu une véritable base arrière des FDLR, leur fournit le gîte, le couvert et l'assurance tacite d'une impunité. Le tout s'opère avec la bienveillance active, voire la complicité nostalgique de la Belgique, dont certains milieux semblent encore hantés par le spectre de l'ère Habyarimana et du Parmehutu.
C'est dans ce contexte de tensions croissantes que la coalition AFC/M23 a lancé un avertissement solennel au gouvernement burundais, dénonçant un déploiement militaire massif dans l'Est congolais, perçu comme une escalade grave dans une guerre hybride, menée par procuration contre le Rwanda.
En date du 18 juillet 2025, l'AFC/M23, a exposé les contours d'une manuvre militaire conjointe, dissimulée sous le vernis trompeur des pourparlers de paix tenus à Doha.
" Malgré les négociations engagées au Qatar, les préparatifs militaires s'intensifient sur le terrain, avec l'appui manifeste de troupes étrangères, notamment burundaises ", a déclaré Kanyuka, porte-parole de l'alliance, soulignant l'ironie tragique d'un dialogue diplomatique vidé de toute substance par la duplicité de certains Etats.
Selon lui, le Burundi, fidèle à une stratégie de provocation, déploie à nouveau ses forces dans des zones sensibles. " Un bataillon de 520 soldats burundais a été acheminé depuis Nzibira vers Bukavu, renforçant ainsi la présence hostile dans la vallée de la Rusizi ", a-t-il précisé, ajoutant que cette opération s'inscrivait dans le cadre d'une vaste coalition militaire pilotée par Kinshasa.
Ce dispositif comprend également des contingents positionnés dans le Sud-Kivu, ainsi que d'autres en provenance de Pinga (Walikale), Lubero et Kisangani (Tshopo), formant une toile offensive visant les bastions de l'AFC/M23.
" Des mouvements coordonnés ont été observés entre Kalemie et Uvira, ainsi qu'entre Bujumbura, Shabunda et Kisangani. Cette semaine, de violentes attaques ont été lancées contre nos positions ", a-t-il poursuivi.
Face à cette offensive multiforme, l'AFC/M23 affirme son droit inaliénable à l'autodéfense et à la protection des populations civiles sous son contrôle, promettant de neutraliser toute menace visant la stabilité des territoires qu'elle administre.
Cette mise en garde intervient dans un contexte où les Nations Unies, dans un rapport publié en mai 2025, confirment la présence inquiétante de 7 000 à 9 000 soldats burundais dans la vallée de la Rusizi et les hautes terres de Minembwe. Une présence que Bujumbura continue de justifier par un discours officiel de sécurisation des frontières et de lutte contre les groupes armés, discours que de nombreux observateurs qualifient désormais de paravent diplomatique dissimulant des intentions autrement plus agressives.
L'AFC/M23, lucide sur la nature des jeux de forces obscures en cours, voit dans ces déploiements une provocation flagrante, appuyée par une Belgique qui, loin d'être une médiatrice neutre, apparaît comme le parrain discret d'une entreprise régionale aux relents néocoloniaux, mettant en péril l'architecture fragile de la paix dans les Grands Lacs.

Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Belgique-RDC-Burundi-ou-la-resurgence-d-un-axe-anti-Rwanda.html