
La cérémonie a réuni des membres de la communauté rwandaise et leurs amis venus de toute la Belgique pour honorer la mémoire de plus d'un million de victimes du génocide contre les Tutsi et pour réaffirmer un engagement collectif en faveur de la mémoire, de la justice et de la paix.
Dans son discours, la bourgmestre de Tournai, Marie-Christine Marghem, a rendu hommage aux victimes et souligné la portée universelle du devoir de mémoire.
" La mémoire ne se résume pas à consigner des faits dans le cours de l'histoire ", a-t-elle déclaré.
" Cette longue histoire, à laquelle nous avons toujours été liés, a sans doute été jalonnée d'erreurs. Mais avec le temps, grâce aux êtres de lumière capables de tendre la main et de reconnaître la dignité humaine, nous avons compris que de telles injustices sont fondamentalement indicibles, coupables et condamnables ", a-t-elle ajouté.
Claire Kayirangwa, représentante d'Ibuka Belgique, a rappelé l'impérieuse nécessité de se souvenir et l'importance de transmettre la vérité aux générations futures.
" Nous ne sommes pas venus uniquement pour pleurer les morts ; nous sommes ici pour porter leur mémoire à travers les générations ", a-t-elle affirmé.
" Encore aujourd'hui, certaines voix osent relativiser ou déformer la vérité des faits. À ces voix, nous répondons avec dignité et détermination : se souvenir n'est pas une recherche de compassion, mais un devoir moral et un engagement ferme en faveur de la justice ", a ajouté Claire Kayirangwa.
Ernest Gakuba, président de la Diaspora rwandaise de Belgique (DRB-Rugari), a prononcé un discours émouvant soulignant le rôle crucial de la jeunesse dans la préservation de la mémoire.
" Cent jours de ténèbres. Cent jours où l'humanité a failli. Aujourd'hui, nous nous souvenons, mais plus encore, nous agissons. Nous devons transmettre cette mémoire non seulement à la jeunesse rwandaise, mais à toutes les jeunesses du monde. Car le silence d'aujourd'hui peut engendrer la violence de demain ", a-t-il insisté.
Il a également rendu un hommage poignant au caporal Bruno Méaux et aux neuf autres casques bleus belges tués en 1994, les qualifiant de " symboles du lourd tribut payé face au silence des grandes puissances ".
Ernest Gakuba a salué le rôle déterminant du Front patriotique rwandais dans la mise à finocide commis contre les Tutsi, à un moment où le monde avait choisi de détourner les yeux.
" Ces jeunes Rwandais ont agi â" non par vengeance, mais pour sauver ce qui pouvait encore l'être ", a-t-il affirmé.
Les intervenants ont également évoqué la douloureuse réalité selon laquelle, encore aujourd'hui, certaines personnes suspectées d'avoir participé au génocide contre les Tutsi vivent librement en Europe, notamment en Belgique et en France.
Arnold Turagara, président de la communauté rwandaise de Mons et Tournai, a dénoncé cette injustice persistante.
" Ces individus vivent tranquilles et protégés, tandis que les rescapés continuent d'attendre justice ", a-t-il dénoncé. " Malgré ces obstacles, le Rwanda se relève, non grâce à l'aide étrangère, mais par la volonté et l'unité de son peuple. "
Turagara a également appelé la jeunesse rwandaise à porter haut la flamme de la vérité, de la résilience et de l'unité nationale.
" Vous héritez d'un passé difficile, mais aussi d'un avenir porteur d'espoir. Que votre génération soit celle qui brise le silence de l'oubli. "
La cérémonie a été marquée par le témoignage émouvant de Lyamukuru Félicité, survivante du génocide contre les Tutsi, qui a également officié en tant que maîtresse de cérémonie.
Les participants ont déposé des gerbes sur deux sites commémoratifs : l'un dédié aux victimes du génocide contre les Tutsi, l'autre rendant hommage au caporal Bruno Méaux.
L'événement s'est terminé par des chansons émouvantes de Suzanne Nyiranyamibwa, qui ont exprimé à la fois la douleur partagée et l'espoir d'un peuple décidé à ne jamais oublier.








































Une nuit de mémoire
































Karirima A. Ngarambe