Martin Fayulu ou la vacuité programmatique #rwanda #RwOT

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Mais cette illusion, aussi fugace que trompeuse, s'est aujourd'hui dissipée, laissant place à une figure politique erratique, prisonnière de ses propres dissonances, et manifestement incapable de s'élever à la hauteur des exigences de l'État.

Depuis son émergence sur la scène publique dans les années 1990, Martin Fayulu semble avoir confondu le verbe avec l'action, la posture avec la vision, et l'indignation avec la stratégie. À défaut d'un projet cohérent, articulé autour d'un diagnostic rigoureux des maux congolais, il s'abandonne aux invectives stériles, aux anathèmes récurrents, et à une rhétorique enflée de patriotisme factice, qui ne dissimule que maladroitement son absence de lucidité sur les dynamiques profondes qui minent la République démocratique du Congo.

À rebours des vertus cardinales d'un homme d'État, gravité, constance, hauteur de vue, Fayulu s'enlise dans une surenchère déclamatoire où la radicalité tient lieu de programme, et l'outrance de méthode. Il se complaît dans une posture de chevalier blanc, déconnectée des contingences réelles, et flanquée d'un messianisme de circonstance qui suscite davantage la lassitude que l'adhésion.

Sa parole, désormais désenchantée, semble n'être animée que par un ressentiment mal maîtrisé et une quête éperdue de reconnaissance ou peut-être, plus prosaïquement, de réinsertion dans les circuits de la rente politique.

Dernier avatar de cette dérive : une déclaration publique aux accents dramatiques, mais dépourvue de toute profondeur analytique, dans laquelle il prétend dénoncer les crises récurrentes qui frappent le Congo, sans jamais en interroger les causes structurelles qu'il connaît pourtant pour avoir traversé, en tant qu'acteur, toutes les phases de décomposition de l'État congolais depuis plus de trois décennies. Une fois encore, la critique se fait vacarme, sans qu'elle ne débouche sur la moindre proposition salutaire.

Mais le comble de l'incongruité a été atteint lorsqu'il a sollicité une audience auprès de Félix Tshisekedi, le même qu'il n'a cessé d'accuser de lui avoir " volé " la victoire électorale. Ce geste, relève moins de la réconciliation que d'une supplique, d'un appel voilé à la mansuétude du pouvoir en place, voire d'une demande d'assistance matérielle. Il jette une lumière crue sur les ressorts véritables de son engagement actuel : non plus la défense de l'intérêt général, mais la quête d'un maroquin, d'un strapontin, d'une rétribution.

À Kinshasa, cette volte-face alimente déjà les murmures : Fayulu serait désormais en proie au désarroi, pris au piège d'un isolement politique qu'il a lui-même creusé à force de refus de compromis constructifs, d'arrogance tribunitienne, et d'une incapacité notoire à fédérer autour de lui des forces vives crédibles. Sa voix, naguère tonitruante, résonne aujourd'hui comme un écho vide, désarticulé, sans élan ni portée.

Il est triste et politiquement tragique de constater qu'un homme qui avait un temps incarné la résistance à la confiscation démocratique soit réduit à quémander une reconnaissance tardive, sous les oripeaux d'un discours radicalisé, et sans la moindre consistance doctrinale.

Martin Fayulu n'a pas seulement manqué ses rendez-vous avec l'histoire ; il semble désormais s'être exilé de la réalité même, incapable de s'extirper de la médiocrité ambiante à laquelle il prétend pourtant ne pas appartenir.

Ainsi, loin d'être l'alternative tant espérée, il est devenu un symptôme supplémentaire de la pathologie chronique de la politique congolaise : celle d'une élite désorientée, plus préoccupée par la captation des ressources que par l'édification d'une République véritablement souveraine, juste et prospère.

Lors de l'effervescence post-électorale de 2018, Martin Fayulu Madidi symbolisait pour beaucoup l'espoir d'un changement face à un ordre politique marqué par les compromissions et fraudes

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/Martin-Fayulu-ou-la-vacuite-programmatique.html

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