Bruxelles ingouvernable ou l'anatomie d'un naufrage politique Belge #rwanda #RwOT

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Les Belges, dira-t-on avec une ironie mêlée de lassitude, semblent retombés dans leur sport national : divisions byzantines, intrigues de couloir, atermoiements stériles et retournements de veste. La classe politique, en particulier à Bruxelles, se montre prisonnière d'un jeu de miroirs où la stratégie l'emporte sur la responsabilité, où les logiques de veto prévalent sur les nécessités du bien commun.

A l'origine de cette paralysie, il faut d'abord incriminer un cadre institutionnel inadapté à la réalité sociologique contemporaine de la capitale. Le système électoral bruxellois, figé dans une logique bilingue stricte, deux collèges électoraux, l'un francophone, l'autre néerlandophone, interdit toute liste transcommunautaire et confine les électeurs comme les candidats à une identité linguistique figée, qui ne correspond plus à la fluidité culturelle de la population urbaine.

Ce mécanisme, archaïque à plus d'un titre, favorise la fragmentation des votes et rend l'assemblage d'une majorité pratiquement impossible.

A cela s'ajoute une règle lourde de conséquences : pour constituer un gouvernement régional, il faut impérativement une majorité dans chacun des deux groupes linguistiques, une exigence plus contraignante encore que celle en vigueur au niveau fédéral.

Le seuil électoral très bas dans le collège néerlandophone facilite, en outre, l'entrée au Parlement de formations marginales, souvent portées par des figures opportunistes davantage soucieuses d'existence médiatique que de gouvernance.

Pour parvenir à une coalition viable, il faudrait aujourd'hui rassembler pas moins de sept partis, trois du côté francophone, quatre du côté néerlandophone. Une arithmétique improbable, corsetée de tabous, d'exclusives, de blessures symboliques, et de rancunes personnelles.

Mais au-delà des seuls mécanismes institutionnels, c'est l'attitude même des acteurs politiques qui interroge. L'incapacité à transcender les clivages, la propension à privilégier la posture tactique au détriment de l'intérêt général, l'absence de vision fédératrice, tous ces travers ont contribué à enliser davantage encore un processus déjà miné par sa propre complexité.

Certains partis ont multiplié les lignes rouges, brandi des ultimatums, refusé des compromis, sabordant toute tentative de coalition avant même qu'elle ne voie le jour. Le Parti socialiste, en particulier, semble s'être englué dans une position peu lisible, à la fois jalouse de son hégémonie régionale et incapable de construire des ponts.

Il faut bien le reconnaître : Bruxelles souffre d'un manque criant de leadership politique, de personnalités capables d'assumer un rôle de rassembleur au-delà des appartenances communautaires et des calculs partisans. Le style de certains dirigeants, souvent clivant, parfois même provocateur, n'a fait qu'aggraver les tensions et éloigner davantage les chances d'un compromis. Il est permis de s'interroger sur leur réelle volonté de gouverner, ou sur leur capacité à le faire.

Ce qui se joue ici dépasse largement le sort d'un exécutif régional. C'est la crédibilité même de la démocratie bruxelloise qui vacille, dans une ville pourtant appelée à incarner le modèle européen du vivre-ensemble et de la gouvernance partagée.

Il devient urgent de penser une refonte institutionnelle profonde, à la hauteur des mutations démographiques, culturelles et politiques de la capitale. Faute de quoi, le " laboratoire bruxellois " ne sera plus que le théâtre fatigué d'un éternel recommencement.

Depuis un an, la Région de Bruxelles-Capitale est sans gouvernement de plein exercice â€" un vide institutionnel inédit et préoccupant au cœur de l'Europe

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/Bruxelles-ingouvernable-ou-l-anatomie-d-un-naufrage-politique-Belge.html

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