
Dans un entretien accordé à France 24 et centré sur la situation sécuritaire dans l'Est de la République démocratique du Congo, le président burundais a souligné que, malgré les tensions persistantes, les récents pourparlers et accords signés entre Kigali et Kinshasa â" avec le soutien des États-Unis et la médiation du Qatar â" ont permis une prise de conscience collective de la gravité de la crise. " Sans ces efforts, la situation serait aujourd'hui catastrophique ", a-t-il affirmé.
Selon lui, plusieurs indicateurs montrent que le Rwanda maintient des intentions hostiles, malgré les démentis de Kigali. " Nous disposons d'informations, connaissons les intentions du Rwanda et avons des preuves fondées sur le fait qu'il abrite encore des individus impliqués dans la tentative de coup d'État de 2015 ", a-t-il déclaré.
" Le Rwanda prévoit de les instrumentaliser, comme il le fait avec le M23 en RDC, en prétendant qu'il s'agit de Burundais, alors qu'il s'agira en réalité d'une opération menée par Kigali. " a-t-il ajouté.
Ndayishimiye se dit vivement préoccupé par cette perspective, bien qu'il estime qu'un retour à la paix en RDC rendrait plus complexe toute tentative d'agression contre le Burundi. Le président burundais a également accusé le Rwanda d'utiliser le groupe armé RED Tabara et d'avoir été impliqué dans divers actes terroristes visant son pays, ce qui justifie, selon lui, une vigilance accrue.
Ndayishimiye a par ailleurs précisé ne pas avoir eu de contact récent avec le président Paul Kagame. Leur dernier échange remonterait, selon lui, aux négociations de paix en RDC, au cours desquelles il aurait reçu l'assurance que les personnes recherchées seraient remises à la justice burundaise.
En réponse, Kigali rejette fermement ces accusations. En février dernier, le ministre des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, avait déclaré au média IGIHE que c'était le Burundi, et non le Rwanda, qui entretenait des intentions hostiles. Il a notamment reproché à Bujumbura d'avoir envoyé des soldats combattre aux côtés des forces armées congolaises contre le M23, dans une démarche clairement dirigée contre le Rwanda. " Ces accusations ne sont donc pas surprenantes ", avait-t-il affirmé.
Selon les autorités rwandaises, le Burundi se serait associé à la RDC dans le but de renverser le gouvernement rwandais, en mobilisant des groupes armés tels que les FDLR et les Wazalendo.
Malgré ces tensions persistantes, plusieurs rencontres ont eu lieu entre les responsables des deux pays dans le but d'apaiser les relations. En mars dernier, Olivier Nduhungirehe avait déclaré que " le Rwanda et le Burundi sont engagés de manière résolue sur la voie du dialogue et de l'apaisement, avec des discussions toujours en cours entre leurs dirigeants respectifs. "
Les personnes en question sont accusées d'avoir participé à la tentative de renversement du président burundais de l'époque, Pierre Nkurunziza, en 2015. Le Rwanda refuse toutefois leur extradition, invoquant ses engagements internationaux relatifs à la protection des réfugiés.
En tant que signataire d'accords avec les Nations unies, Kigali rappelle qu'un individu ayant obtenu le statut de réfugié ne peut être renvoyé dans son pays d'origine, notamment si ce statut a été attribué par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
Pour Kigali, extrader ces individus reviendrait à violer délibérément ses engagements internationaux â" une option qu'aucun autre État, selon lui, ne saurait envisager. De son côté, Bujumbura a transmis une liste nominative des personnes concernées, estimant que leur remise à la justice burundaise constituerait un signal fort en faveur de la normalisation des relations bilatérales.
Devant le refus du Rwanda, une solution envisageable serait de chercher un pays tiers disposé à accueillir ces individus.

IGIHE
Source : https://fr.igihe.com/Le-president-burundais-accuse-a-nouveau-le-Rwanda.html