
Hier, il n'avait de mots que pour exalter les vertus supposées de Joseph Kabila, dans une flagornerie qui confinait à la dévotion. Il en chantait les louanges avec un zèle outrancier, allant jusqu'à proférer des invectives publiques à l'encontre de Félix Tshisekedi, à peine installé à la magistrature suprême.
Aujourd'hui, retournant sa veste avec une désinvolture presque cynique, le voilà qui dénigre Kabila avec cette ingratitude brutale propre aux âmes sans colonne vertébrale. Ainsi va la course misérable de ceux que le destin a projetés trop haut, trop tôt, sans les équiper de la moindre hauteur morale.
Ce type d'homme politique, pur produit de la faveur et non du mérite, administrateur par piston, gouverneur par remerciement, ministre par intérêt, illustre tristement cette caste de transhumants idéologiques dont la seule boussole demeure le calcul personnel. Sans conviction ni fidélité, ils errent au gré des vents dominants, tentant vainement de se faire une place au soleil de leur parrain du moment.
Poussés par une quête éperdue de reconnaissance auprès de leur protecteur du jour, ils finissent par chanter, dans une ironie tragique, les vertus du plus offrant, se ridiculisant à mesure qu'ils révèlent, sans s'en apercevoir, la vacuité de leurs alliances et l'inconsistance de leur engagement. Alignés, le ventre en avant, dans l'espoir d'un nouveau banquet, ils renient sans scrupule celui qui les a faits, au moment même où leur peuple se meurt.
Car pendant que l'Est du Congo s'embrase, que les enfants tombent sous les balles, que les femmes sont livrées à la barbarie des FDLR, ADF, que les familles fuient, affamées, sans toit ni recours, Julien Paluku et ses semblables rient à la table de leurs nouveaux maîtres, dans l'insouciance obscène de ceux qui ont vendu leur honneur pour un plat chaud.
Leurs paroles, creuses, ne masquent plus leur duplicité ; leurs gestes, maladroits, trahissent une mémoire sélective et une amnésie volontaire, dictée par l'ambition la plus éhontée.
Mais qu'ils se rassurent peu : l'Histoire, elle, n'oublie pas. Elle archive. Elle scrute. Et elle juge, sans appel. Car trahir un combat, un peuple, une cause pour le confort d'un ventre repu, c'est plus qu'une faute politique : c'est une infamie. Et cette ignominie, un jour, rejaillira sur ceux qui l'ont commise, non comme une tache passagère, mais comme une damnation durable.

Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Julien-Paluku-ou-la-figure-archetypale-du-politicien-sans-foi-ni-loi.html