
S'exprimant lors d'un point de presse virtuel tenu au terme de sa tournée régionale â" qui l'a conduit au Rwanda, en RDC, au Kenya et en Ouganda â" Massad Boulos a indiqué que la question des FDLR, groupe fondé par les instigateurs du génocide de 1994 contre les Tutsi, avait occupé une place centrale dans ses échanges avec le Président Paul Kagame.
" Nous avons bien entendu évoqué les FDLR et la menace qu'elles représentent ", a déclaré Boulos ce 17 avril 2025, lors du point de presse consacré au bilan de sa mission africaine, achevée trois jours plus tôt.
" Il s'agit d'un enjeu fondamental dans toute perspective de paix. Si l'on examine les différentes initiatives déjà lancées, c'est un point clé du côté rwandais, et un élément incontournable de tout futur accord, processus ou traité de paix. "
Les FDLR sont classées comme organisation terroriste par les Nations unies et les États-Unis. Malgré leur passé criminel et les violations persistantes des droits humains qui leur sont attribuées, elles restent un pilier de la coalition militaire du gouvernement congolais dans sa lutte contre les rebelles de l'AFC/M23, lesquels contrôlent aujourd'hui une part importante des provinces orientales.
De leur côté, les rebelles accusent les autorités congolaises de les marginaliser et de promouvoir un projet de nettoyage ethnique en s'alliant aux FDLR ainsi qu'à d'autres milices armées.
Depuis plusieurs années, Kigali dénonce la collaboration entre Kinshasa et les FDLR, dont les combattants ont été impliqués dans de nombreuses attaques sur le territoire rwandais â" près de vingt incidents recensés depuis 2018. En réaction, le Rwanda a considérablement renforcé la sécurité le long de ses frontières afin de prévenir toute nouvelle incursion.
Les tensions entre les deux pays voisins se sont encore intensifiées à la suite des déclarations du président congolais Félix Tshisekedi, fin 2023, au cours desquelles il a menacé de soutenir un changement de régime au Rwanda et exprimé son intention de demander au Parlement l'autorisation de déclarer la guerre.
Massad Boulos a confirmé que l'administration Trump était activement engagée auprès des deux parties, apportant son appui aux initiatives régionales visant une résolution pacifique de la crise.
" Nous avons engagé un dialogue avec les deux parties, et cette question figure parmi les principales préoccupations abordées ", a déclaré Boulos. " Des solutions existent â" il ne s'agit pas de réinventer la roue. Des accords ont déjà été rédigés et approuvés par les deux camps, et nous poursuivrons nos efforts en nous appuyant sur ces bases. "
Il a également réaffirmé l'attachement de Washington à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'ensemble des États concernés.
" Notre rôle et notre engagement consistent à garantir le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de tous les pays impliqués â" pas seulement d'un ou deux, mais de chacun d'entre eux ", a-t-il insisté.
" Chacun doit pouvoir se sentir en sécurité, en confiance et rassuré par les termes des accords, tout en étant protégé contre toute menace â" qu'elle soit réelle, perçue ou potentielle. "
Lors de son passage à Kigali, le 8 avril dernier, Boulos a tenu des discussions avec le Président Paul Kagame. Les discussions ont porté sur le renforcement des relations bilatérales entre les États-Unis et le Rwanda, ainsi que sur les efforts en cours pour consolider la paix dans la région.
" Nous sommes déterminés à travailler aux côtés du Rwanda pour atteindre cet objectif. C'est pourquoi il est crucial de trouver une solution au conflit dans l'est de la RDC â" car sa résolution ouvrirait la voie à l'exploitation du formidable potentiel inexploité de toute la région ", a-t-il déclaré.
Au cours de sa visite au Rwanda, Massad Boulos s'est également rendu au Centre de démobilisation de Mutobo, qui assure la réinsertion d'anciens membres de groupes armés.
Il y a rencontré d'ex-combattants FDLR récemment rapatriés de l'est de la RDC, parmi lesquels le major Ndayambaje Gilbert, revenu le 1er mars 2025. Celui-ci a confirmé l'étroite collaboration entre les FDLR et les forces armées congolaises dans le conflit en cours contre la coalition AFC/M23.
La tournée régionale de Boulos l'a également conduit en Ouganda et au Kenya, où il a respectivement rencontré les présidents Yoweri Museveni et William Ruto. Il a par ailleurs eu un entretien avec le président Félix Tshisekedi à Kinshasa.

Alain Bertrand Tunezerwe