Récemment, 288 mercenaires engagés par le gouvernement congolais ont été capturés au combat. Après leur reddition, ils ont été évacués en toute sécurité via le Rwanda pour retourner dans leur pays d'origine, la Roumanie.
Depuis le début de l'année 2023, plusieurs rapports indiquaient que le gouvernement congolais faisait appel à des mercenaires pour combattre le M23. Le Rwanda avait soulevé cette question à plusieurs reprises, mais Kinshasa avait toujours rejeté ces accusations, les qualifiant de propagande.
Les habitants de Goma avaient signalé à plusieurs reprises la présence d'étrangers armés logés à l'hôtel Mbiza, soupçonnés par beaucoup d'appartenir au groupe de mercenaires russes Wagner.
Interrogé par IGIHE, l'ancien ambassadeur de Russie au Rwanda, Karen Chalyan, avait nié la présence de Wagner en RDC, tout en admettant que des mercenaires provenaient d'Europe de l'Est.
"Je serais riche si j'avais 1 000 Rwf à chaque fois qu'on me posait cette question. Il n'y a pas de personnel de Wagner en RDC", avait déclaré l'ambassadeur.
Trois ans plus tard, cette rumeur est devenue réalité. IGIHE s'est rendu le 29 janvier 2025 à Goma, où ces mercenaires avaient séjourné. En arrivant au poste frontalier de La Corniche, entre le Rwanda et la RDC, le Journal a appris qu'après s'être rendus à la MONUSCO, des négociations étaient toujours en cours à ce moment-là.
Le M23 insistait pour qu'ils quittent la RDC en tenue militaire, étant donné leur statut de combattants, mais les mercenaires s'y sont opposés.
Lors de leur évacuation, certains mercenaires portaient des casquettes de la MONUSCO, suscitant des interrogations sur la manière dont une agence de l'ONU avait pu permettre à de tels individus d'utiliser son insigne. Cela a alimenté les accusations selon lesquelles ils bénéficiaient de la protection des forces de la MONUSCO et collaboraient même avec elles.
Tous les mercenaires travaillaient pour une entreprise roumaine appelée Asociatia RALF, composée d'anciens soldats de la Légion étrangère française. Ils étaient rémunérés environ 5 000 dollars par mois, tandis que les soldats congolais réguliers, eux, ne percevaient parfois que 100 dollars, voire aucun salaire.
"Je suis entraîneur sportif. J'étais chargé de la préparation physique des soldats congolais", a expliqué une recrue.
Un autre a révélé qu'il était arrivé à Goma depuis la Tunisie seulement deux semaines plus tôt.
Les mercenaires étaient logés dans un luxueux appartement du quartier Les Volcans à Goma. À l'intérieur, des documents retrouvés ont révélés leur stratégie militaire contre le M23, détaillant des plans pour engager des combats sur plusieurs fronts.
Asociatia RALF disposerait de contrats dans plusieurs pays africains, notamment au Burkina Faso, en RDC, en Côte d'Ivoire, au Niger, au Sénégal, en Sierra Leone, en Gambie et en Guinée.
La présence de mercenaires en RDC n'est pas nouvelle. Entre 1960 et 1965, des combattants étrangers sont intervenus pour soutenir différents camps durant la guerre civile. L'un des plus célèbres était Thomas Michael Hoare, un mercenaire britannique qui avait combattu aux côtés de Moïse Tshombe lors de la guerre du Katanga.
En 1964, il est retourné en RDC pour combattre aux côtés des soldats de Tshombe. D'autres mercenaires, comme Bob Denard et même Che Guevara, ont également operés en RDC à différentes périodes.
En 2011, le président Joseph Kabila avait lui aussi fait appel à DynCorp, une société militaire américaine, pour former l'armée congolaise. Cependant, l'histoire a montré que les mercenaires n'ont jamais apporté de paix durable en RDC. Au contraire, ils ont souvent contribué à la destruction, aux pillages et à une instabilité accrue dans le pays.
IGIHE
Source : https://fr.igihe.com/L-histoire-cachee-des-mercenaires-roumains-en-RDC.html
