
Cette mise en scène, d'une théâtralité ostentatoire et d'une duplicité manifeste, vaut à l'ONG un désaveu aussi tranchant qu'implacable. En dramatisant à l'excès une situation qui devrait, au contraire, susciter l'espérance, elle trahit une posture idéologique où la perpétuation de la détresse semble préférable à l'émancipation des peuples qu'elle prétend défendre. Derrière cette rhétorique feinte de compassion se dissimule une forme de condescendance insidieuse, où l'on s'accommode volontiers du statu quo tant qu'il permet de pérenniser un discours misérabiliste, indispensable à la légitimation de certaines entreprises moralisatrices. Une telle attitude, relevant d'une complaisance coupable, ne saurait être tolérée sans que ne soit dénoncée la véritable nature d'un engagement qui, sous couvert d'humanisme, s'apparente davantage à une instrumentalisation cynique de la souffrance.
La réplique de Madame Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais, se distingue par sa cinglante lucidité, imposant à quiconque une introspection salutaire, à condition, bien sûr, d'y prêter l'attention qu'elle mérite. Son propos met en lumière l'absurdité d'une vision où la misère prolongée, loin d'être combattue, semble être perçue comme un état de fait immuable, sinon souhaitable.
Comment ne pas s'interroger sur les fondements d'une telle posture, où l'indignation feinte prend le pas sur la reconnaissance d'un progrès tangible ? Car enfin, seule une entité dont les principes auraient été pervertis jusqu'à tolérer, sinon encourager, la négation même de la dignité humaine pourrait voir dans la libération d'âmes accablées un motif d'alarme plutôt qu'un signe d'espoir. Une telle conception, prisonnière d'un dogmatisme aveugle, trahit moins un souci d'humanité qu'une volonté latente de préserver un récit victimaire, au mépris des aspirations légitimes de ceux qui, précisément, refusent d'y être enfermés.
En effet, tolérer l'installation pérenne d'Africains dans des camps de misère, sous la surveillance hautaine et paternaliste de prétendus sauveurs, revient à se soumettre à une vision rétrograde et méprisante de l'humanité.
Il est impératif, en toute conscience, de rejeter fermement ce paternalisme empreint de condescendance, qui ne saurait se faire accepter dans une société aspirant à l'égalité et au respect intégral des droits de l'homme.

Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Le-paternalisme-de-human-rights-watch.html