Selon cet article, L'année dernière, sur instruction directe du chef de l'État congolais, un homme d'affaires national s'est vu arbitrairement arrêté, pris dans un imbroglio opposant ses intérêts à ceux d'un orpailleur chinois.
Cette intervention, à première vue dictée par des impératifs de régulation ou de maintien de l'ordre, dissimulait en réalité des enjeux bien plus troubles. Loin de relever d'une simple application des lois en vigueur, cette arrestation ciblée s'inscrivait dans un jeu d'influence où les leviers du pouvoir étaient actionnés au service d'intérêts privés.
Cependant, sous la pression insidieuse de la famille présidentielle, ce même homme d'affaires fut finalement libéré, révélant ainsi l'arbitraire des décisions étatiques et l'instrumentalisation des institutions judiciaires à des fins partisanes. Ce revirement illustre, une fois de plus, la prééminence des réseaux familiaux et des rapports de force sur l'État de droit, au détriment de toute justice équitable et impartiale.
Cette intervention du pouvoir présage une dimension plus vaste, celle de l'ombre d'une gestion minière familiale et privée, mettant en exergue l'explosion du Far-West minier dans la région de l'ex-Katanga.
Au Lualaba, province où l'exploitation minière artisanale et industrielle se chevauche, des noms résonnent en dehors des murs officiels, et plusieurs membres de la famille présidentielle seraient impliqués dans cette sphère. En effet, certains sites envahis, l'année dernière, par des vagues de creuseurs artisanaux seraient en réalité la propriété du groupe kazakh Eurasian Resources Group, entreprise dont les activités font écho aux décisions et aux intérêts de cette même famille présidentielle.
Le même journal du 5 février 2024 révèle d'autres éléments, notamment l'implication de Christian Tshisekedi, frère cadet du président, qui, à la tête d'une société, négocie avec Eurasian Resources Group pour sécuriser ses actifs dans la région minière du Lualaba.
Cependant, un autre acteur clé du tableau est la gouverneure de la province du Lualaba, Fifi Masuka, dont le rôle trouble dans cette affaire mérite une attention particulière. Elle se trouve au cur de ce réseau complexe où les intérêts miniers et politiques se croisent.
Fifi Masuka, également membre du camp présidentiel et qui exhibe sa proximité avec la famille aurait facilité, par ses actions et ses décisions, l'implantation de ces entreprises et l'infiltration des creuseurs artisanaux dans des zones stratégiques. Ce rôle de médiation, voire d'accompagnement, dans le processus d'exploitation semble être un facteur déterminant dans la préservation d'un système d'exploitation où les bénéfices ne se partagent qu'entre quelques privilégiés, au détriment de la population locale.
Ce mécanisme trouble ne se limite point aux seules manuvres de manipulation politique. Il s'érige en un véritable instrument d'opacité, où le pouvoir, soucieux de préserver son emprise, orchestre avec une habileté redoutable l'art de la diversion.
Ainsi, toute révélation compromettante se trouve noyée dans un flot soigneusement calculé d'événements médiatiques parallèles, conçus non seulement pour détourner l'attention de l'opinion publique, mais également pour instaurer un climat de confusion propice à l'effacement des responsabilités.
Cette stratégie, fondée sur la dissimulation et le brouillage des repères, érige l'oubli en une arme politique redoutable, reléguant les scandales au rang d'incidents éphémères voués à disparaître dans l'agitation du cycle informationnel.
L'Etat semble jouer une double carte : afficher une apparente transparence avec des annonces retentissantes dans la presse internationale tout en cachant les réalités internes.
Ainsi, le clan Tshisekedi, incarné par le président et son entourage immédiat, perpétue une emprise stratégique sur un secteur névralgique, préservant ainsi des intérêts d'ordre personnel et familial.
Cette mainmise s'exerce en dépit des crises récurrentes qui frappent durement la population, exacerbant ses souffrances et accentuant les vulnérabilités d'une nation en proie à de profondes turbulences.
Ce faisant, l'appropriation de ressources essentielles par une élite restreinte illustre une gouvernance où les impératifs collectifs semblent relégués au second plan, au profit d'une dynamique de préservation de privilèges et d'influence.
La stratégie de communication gouvernementale repose sur un jeu de manipulation sophistiqué, où l'on désigne des boucs émissaires pour délégitimer les causes profondes des crises structurelles, et où la vérité est systématiquement tordue. Chaque crise est ainsi dépeinte comme un incident isolé, dont les racines sont attribuées à des éléments extérieurs ou à des figures de l'opposition, pendant que le statu quo perdure.
Cette politique permet de maintenir un réseau d'exploitation minière et économique dont les avantages sont réservés à une élite restreinte, loin des aspirations légitimes du peuple congolais.
En fin de compte, ces révélations soulignent la profondeur des enjeux dans l'exploitation minière, mais aussi dans le contrôle des ressources du pays. Ces affaires, qui font l'objet de manipulations, témoignent d'une véritable guerre de l'ombre, où l'argent et le pouvoir sont inextricablement liés. La véritable question qui se pose aujourd'hui est de savoir jusqu'à quel point ce système pourra résister à la pression interne et internationale, et si les forces populaires parviendront à dénoncer et à renverser ce système corrompu.
Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Le-Lualaba-au-coeur-du-Far-West-minier-du-clan-Tshisekedi.html