L'agence de presse Reuters a rapporté qu'un avion de transport IL-76, parti des bases aériennes sud-africaines de Pretoria, s'est rendu à Lubumbashi en RDC à cinq reprises entre le 30 janvier et le 7 février 2025.
Un employé de l'aéroport de Lubumbashi, trois diplomates et un ministre régional ont confirmé que cet avion avait transporté des soldats sud-africains ainsi que du matériel militaire en RDC.
Le député Chris Hattingh, d'Afrique du Sud, a déclaré que le nombre de soldats transportés par cet avion à Lubumbashi se situait entre 700 et 800.
" Nous avons appris que le nombre de soldats envoyés à Lubumbashi était compris entre 700 et 800 ", a-t-il déclaré.
Hattingh, qui est également porte-parole du parti DA (Democratic Alliance) en matière de défense, a ajouté qu'il était difficile de comprendre pourquoi ces soldats avaient été envoyés à Lubumbashi, car le Parlement n'avait pas été informé de cette opération.
L'agence a précisé avoir contacté le porte-parole des forces armées sud-africaines, qui a indiqué ne disposer d'aucune information concernant l'envoi de soldats à Lubumbashi. De leur côté, les autorités de la RDC ont déclaré ne pas être en mesure de confirmer ni de démentir cette information.
L'Afrique du Sud a des troupes déployées dans la province du Nord-Kivu, où elles travaillent avec les forces de la RDC pour lutter contre le M23, dans le cadre de missions de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SAMIDRC) et de l'ONU (MONUSCO).
Lors des affrontements entre les troupes sud-africaines et le M23 dans la ville de Sake, près de Goma, l'armée sud-africaine a perdu 14 soldats, et de nombreux autres ont été blessés. Les soldats évacués de Goma, avec l'aide de l'ONU, ont été rapatriés.
D'autres soldats sud-africains sont toujours stationnés dans leur base à Goma, où ils bénéficient de la protection du M23 depuis le 27 janvier 2025. Ils n'ont pas pu regagner leur pays, car l'aéroport de Goma, qu'ils auraient dû utiliser, est désormais sous le contrôle du groupe armé.
Les politiciens sud-africains continuent de faire pression sur le gouvernement pour qu'il rapatrie ces soldats.
Julius Malema, leader de l'opposition, a accusé le président Cyril Ramaphosa de duper la population en affirmant envoyer des troupes pour maintenir la paix, alors qu'en réalité, celles-ci sont destinées à combattre des insurgés du M23, très bien entraînés.
" Le mandat SAMIDRC que nous avons reçu était censé être une mission de maintien de la paix, mais la vérité est que nos soldats ne sont pas là pour maintenir la paix. Ils sont sur le champ de bataille, en train de combattre des combattants du M23 bien equipés ", a déclaré Malema, qui critique régulièrement le gouvernement sud-africain.
Sous pression croissante, le président Ramaphosa avait annoncé le retrait des troupes sud-africaines. Cette décision a été confirmée après que les chefs d'Etat de la SADC et de la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC) aient convenu que les combats dans l'Est de la RDC devaient cesser et que le gouvernement congolais devait entamer des négociations avec le M23.
Le ministre des Affaires étrangères, Ronald Lamola, a cependant indiqué ce 10 février 2025 aux députés qu'il était encore trop tôt pour l'Afrique du Sud de rapatrier ses troupes de la RDC, soulignant qu'il fallait d'abord attendre le rétablissement de la paix et de la sécurité dans l'est du pays.
Au sein d'un gouvernement sud-africain divisé par la perte de confiance envers l'ANC de Ramaphosa, les opinions divergent. Le ministre des Sports, des Arts et de la Culture, Gayton McKenzie, a suggéré que son gouvernement envoie davantage de soldats en RDC pour " venger leurs camarades tombés ".
Alain Bertrand Tunezerwe
Source : https://fr.igihe.com/L-Afrique-du-Sud-suspectee-d-avoir-envoyer-de-nouvelles-troupes-en-RDC.html
