En prétendant sanctionner, elles ne font que figer les antagonismes ; en se voulant justes, elles entérinent une partialité manifeste. Il est illusoire, sinon foncièrement déraisonnable, d'exiger du Rwanda qu'il hypothèque sa propre sécurité et celle de son peuple au nom d'une lecture tronquée de la réalité géopolitique.
Ces décisions, loin de constituer un levier efficace pour l'apaisement, se révèlent inopérantes tant pour la préservation des intérêts fondamentaux de la République démocratique du Congo que pour la protection des populations de l'Est, premières victimes d'un chaos persistant. Non seulement elles échouent à répondre aux impératifs de stabilité et de sécurité, mais elles exacerbent les antagonismes en figeant les responsabilités dans une lecture biaisée du conflit.
En se limitant à des mesures coercitives dénuées de portée transformatrice, elles obstruent toute dynamique de règlement politique pérenne et perpétuent une instabilité dont les populations locales demeurent les otages impuissants. Ainsi, au lieu de contribuer à l'émergence d'une paix durable, ces sanctions, par leur caractère artificiel et leur manque de vision stratégique, ne font qu'alimenter la spirale des tensions et différer l'urgence d'une solution véritablement concertée.
L'imposition de sanctions sur la seule foi du discours unilatéral porté par Kinshasa revient à consacrer un détournement du droit international au bénéfice d'agendas politiques contingents. Une telle posture, en érodant les principes d'impartialité et d'équité qui devraient guider l'ordre juridique international, confère à une narration partielle une légitimité fallacieuse, érigeant en dogme une lecture orientée des faits. Le droit, qui devrait être un rempart contre l'arbitraire, se trouve ainsi perverti, transformé en instrument de coercition aux mains de puissances qui le manipulent au gré de leurs intérêts.
Ces sanctions, loin de répondre à une exigence de justice, ne sont que des artifices destinés à masquer l'inanité des approches diplomatiques en vigueur. Elles dissimulent plus qu'elles n'éclairent, pansement fragile posé sur une plaie béante qu'elles n'ont ni la vocation ni la capacité de guérir. Derrière leur apparente fermeté, elles ne sont qu'un expédient commode, un artifice destiné à se donner bonne conscience tout en perpétuant une lecture biaisée du conflit.
En définitive, elles n'offrent qu'un écran de fumée destiné à occulter les véritables responsabilités et à préserver un statu quo où l'injustice, parée des atours de la légalité, continue de prospérer.
Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Des-sanctions-punitives-et-des-illusions.html
