Cette déclaration est intervenue après que Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement congolais, ait tenté de convaincre le comité des Nations Unies que le Rwanda était responsable des violations des droits humains en RDC, l'EPU étant un mécanisme destiné à évaluer comment chaque pays respecte les droits de l'homme selon les recommandations de l'ONU.
Lors de cette réunion, plusieurs préoccupations relatives à la situation des droits de l'homme en RDC ont été mises en lumière, notamment le maintien de la peine de mort, la persécution des opposants politiques, les restrictions à la liberté de la presse et la répression des religieux qui critiquent le gouvernement. L'Ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies, Michèle Taylor, a exprimé son inquiétude concernant la persécution continue des opposants politiques et des défenseurs des droits humains en RDC.
Mais c'est surtout la situation sécuritaire dans l'est de la RDC qui a attiré l'attention. Patrick Muyaya a tenté de justifier la situation en affirmant que l'instabilité dans la région, alimentée par le groupe rebelle M23 soutenu par le Rwanda, était la principale cause des violations des droits de l'homme. "La situation sécuritaire dans l'est de la RDC est à l'origine de nombreuses violations des droits humains, en particulier contre les enfants, dans le cadre des combats entre l'armée congolaise et le M23", a déclaré Muyaya.
En réponse à ces allégations, l'Ambassadeur Ngango a vivement contesté les accusations de la RDC. "Nous condamnons fermement les allégations mensongères de la RDC, qui cherchent à faire porter à notre pays la responsabilité de l'insécurité dans l'est de la RDC", a-t-il réaffirmé. Selon lui, les accusations de la RDC contre le Rwanda sont basées sur des récits infondés et servent à masquer les violations des droits de l'homme commises par le gouvernement congolais lui-même.
Ngango a souligné que l'examen de l'EPU devait se fonder sur des informations impartiales et vérifiables, et non sur des intérêts politiques. "L'examen de l'EPU doit s'appuyer sur des faits objectifs et non sur des récits biaisés qui servent des objectifs politiques", a-t-il insisté.
L'Ambassadeur rwandais a également dénoncé les discours de haine contre les Congolais d'origine tutsie, phénomène qui est souvent soutenu par des acteurs politiques en RDC. "Nous demandons à ce que vous examiniez la situation sur le terrain, pour voir la vérité cachée derrière ces discours. La situation de sécurité en RDC est profondément enracinée dans l'histoire coloniale et les frontières imposées par les puissances coloniales", a expliqué Ngango.
Face à la pression croissante sur la délégation congolaise, Muyaya a exprimé sa frustration que le Rwanda n'ait pas été soumis à un examen sur la question des droits de l'homme. "Il est bien connu dans le monde que l'examen des droits humains n'inclut pas le Rwanda. Cependant, nous avons soulevé de sérieuses préoccupations, en particulier concernant la situation des enfants", a-t-il déploré.
Cependant, l'Ambassadeur Ngango a rappelé que cet examen ne concernait pas le Rwanda, mais bien la RDC. "Je tiens à rappeler que cet examen ne concerne pas le Rwanda, mais la RDC. Je vous prie de ne pas introduire de questions politiques ou de relations bilatérales dans cette discussion sur les droits de l'homme", a-t-il précisé.
Le vice-président du comité des droits de l'homme a, quant à lui, insisté sur le fait que l'EPU n'était pas un forum visant à aborder des questions politiques ou territoriales entre les pays. "Je voudrais rappeler à tous que l'EPU n'est pas le lieu pour soulever des questions politiques et territoriales. Nous vous prions de respecter les directives de cet examen et de vous concentrer sur les questions relatives aux droits de l'homme", a-t-il ajouté.
Malgré les tentatives de la délégation congolaise de détourner l'attention sur les relations bilatérales entre la RDC et le Rwanda, l'examen s'est poursuivi, se concentrant sur les violations des droits de l'homme en RDC. Les représentants de la RDC ont également nié plusieurs des accusations portées contre leur gouvernement, notamment concernant le maintien de la peine de mort et le soutien aux discours haineux.
Alain Bertrand Tunezerwe