Lors de la récente réunion de la Commission de la Politique Monétaire et de la Stabilité Économique, la BNR via un communiqué de presse sorti le 21 novembre 2024, a declaré maintenir le taux d'intérêt directeur à 6,5 %, un niveau établi il y a trois mois. Soraya Hakuziyaremye a expliqué que cette décision était fondée sur une inflation stable, actuellement à 3,8 %, et des prévisions d'inflation pour 2024 autour de 4,6 %, ne justifiant ni une hausse ni une baisse des taux à court terme. Toutefois, elle a précisé que des facteurs externes, comme la guerre en Ukraine ou les tensions au Moyen-Orient, pourraient influencer l'économie mondiale et affecter l'inflation.
La vice-gouverneure a aussi abordé la question de la récente pénurie de dollars dans les bureaux de change. Cette pénurie a été causée par une demande accrue en raison des importations de fin d'année. Le Rwanda, en effet, continue d'importer davantage de biens pour soutenir son développement industriel. Cependant, l'écart croissant entre les exportations et les importations, en particulier avec une dépréciation du franc rwandais de 6,5 % sur les neuf premiers mois de l'année, a exacerbé la demande de devises étrangères.
Pour remédier à cette situation, la BNR a renforcé son intervention sur le marché des changes en injectant davantage de dollars : la banque met désormais 10 millions de dollars chaque semaine, contre 5 millions habituellement, afin de répondre à la demande des bureaux de change. Des sanctions ont également été prises contre certains bureaux de change pour avoir manipulé les prix des devises ou refusé de vendre des dollars.
Concernant les récentes épidémies de Marburg et de Mpox, Soraya Hakuziyaremye a affirmé que ces crises sanitaires n'ont pas perturbé l'économie rwandaise. Bien que Marburg ait suscité des inquiétudes, elle a été rapidement maîtrisée grâce aux mesures gouvernementales, limitant ainsi les impacts économiques. Les activités économiques se sont poursuivies sans interruptions majeures, ce qui a permis à l'économie de continuer à croître, avec une augmentation de 9,4 % du PIB au premier semestre de l'année. La BNR reste optimiste quant à la stabilité économique, malgré les défis liés aux épidémies et aux tensions internationales.
L'une des préoccupations majeures reste la dépréciation du franc rwandais, qui a perdu 18 % de sa valeur l'année dernière. Soraya Hakuziyaremye a expliqué que cette baisse était en partie due à l'écart croissant entre les importations et les exportations, ainsi qu'à la hausse des taux d'intérêt aux États-Unis, qui a renforcé la valeur du dollar. Cependant, elle a noté que la dépréciation cette année était moins marquée et qu'il était probable que la monnaie se stabilise à moyen terme grâce aux politiques mises en place par la BNR.
Sur le plan de la dette publique, la vice-gouverneure a rassuré la population en expliquant que la dette du pays, bien que représentant 73 % du PIB, reste sous contrôle. Elle a précisé que 80 % de cette dette est constituée de prêts concessionnels à faibles taux d'intérêt, ce qui permet au pays de gérer ses obligations financières sans pression immédiate. Les projets financés par cette dette commencent à générer des rendements, contribuant ainsi à la capacité du Rwanda à honorer ses engagements sans risque de défaut à court terme.
Soraya Hakuziyaremye a conclu en soulignant que, malgré des défis externes et des crises sanitaires, l'économie du Rwanda reste robuste et en croissance. La Banque Nationale du Rwanda maintient une gestion proactive de la politique monétaire et des devises pour garantir la stabilité économique à long terme, tout en surveillant de près les facteurs mondiaux qui pourraient influencer les prévisions économiques.
Alain Bertrand Tunezerwe