L'administration Biden, tel un funambule sur un fil ténu, cherche à apaiser les seigneurs de guerre en RDC, mais ses efforts se dissipent dans un dédale de chaos et de conflits. Un pas à gauche, un pas à droite, et le tableau devient indéchiffrable.
Dans un élan de diplomatie, les États-Unis avaient proclament un cessez-le-feu de 72 heures.
Le communiqué du 21 novembre 2023 reflète l'optimisme de l'administration Biden, qui loue les rencontres orchestrées par la directrice du renseignement national, Avril Haines, avec Paul Kagame et Félix Tshisekedi. Ce cessez-le-feu fragile, entré en vigueur un lundi à midi, nourrit l'espoir d'une relance du processus de désescalade. Cependant, les FARDC, dans un acte de défi flagrant, violent cette trêve sous le regard impassible des États-Unis.
Un fait marquant de cette visite fut cette réaction de l'état-major général des FARDC.
Ce 21 novembre 2023, le porte-parole des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), le général major Ekenge Bombusi Efomisi Sylvain, a publié un communiqué portant interdiction stricte et sans faille de nouer ou d'entretenir tout contact avec FDLR.
' Il porte à la connaissance de tout militaire l'interdiction stricte et sans faille de nouer ou d'entretenir tout contact pour quelque motif que ce soit avec les FDLR."
"Tout contrevenant à la présente instruction sera mis aux arrêts et subira la rigueur de la loi. A ce sujet, le principe de tolérance zéro est désormais de stricte" conclut-il.
Ce communiqué est un événement majeur à plusieurs égards.
Début juillet 2024, les États-Unis d'Amérique ont offert un souffle de paix supplémentaire à l'Est de la République Démocratique du Congo en prolongeant de quinze jours la trêve humanitaire, selon un communiqué émis par le Gouvernement américain le mercredi 17 juillet.
Ce geste, empreint d'espoir et de promesses, était une nouvelle lueur dans l'obscurité, une occasion dorée pour voir naître la paix, selon les mots de Washington.
La première trêve, instaurée au début du mois de juillet, devait se clore le vendredi 19 juillet à minuit. Avec cette prolongation bienveillante, elle s'étendra désormais jusqu'au 3 août, offrant un répit prolongé. Cependant, sur le terrain, l'écho de cette trêve semble se perdre, car la paix promise peine encore à se concrétiser.
Cette trêve est à nouveau rompue par les FARDC et leurs alliés, exposant l'impuissance des efforts américains.
Les États-Unis, en réponse, se tournent vers les membres de l'AFC avec des sanctions, tout en négligeant le discours de haine propagé par le gouvernement et ses relais, et en fermant les yeux sur les massacres systématiques des tutsi congolais.
Pendant ce temps, les massacres perpétrés par les ADF laissent le gouvernement congolais indifférent. Les Hema et les Banyamulenge, abandonnés à leur sort, souffrent dans une indifférence totale.
Cette situation incompréhensible s'amplifie, comme si Kinshasa devait dicter les paroles et les actions dans cette crise structurelle de l'Est de la RDC.
Le processus de paix de Luanda et de Nairobi, saboté par Tshisekedi lui-même, est dans l'impasse. Les initiatives américaines vacillent, leur soutien au processus de paix est bancal, leurs sanctions sont sélectives.
Dans ce ballet tragique, les États-Unis se retrouvent pris dans un jeu de pouvoir complexe et incertain.
Pour sortir de cette spirale de chaos, une analyse approfondie de gestion de crise est impérative, guidée par une vision claire et cohérente.
La première étape consiste à reconnaître l'ampleur de la crise, ses causes profondes et structurelles et à engager tous les acteurs dans un dialogue inclusif, où les voix des tutsi congolais, des Hema, des Banyamulenge, et d'autres communautés marginalisées sont entendues et respectées.
Les sanctions doivent être équilibrées et ciblées, non seulement contre les groupes rebelles, mais aussi contre ceux au sein du gouvernement qui alimentent la haine et la violence. A l'exemple des sanctions de l'union européennes contre le député Justin Bitakwira.
Ensuite, il est crucial de renforcer les initiatives locales de paix et de réconciliation.
Les États-Unis doivent jouer le rôle de facilitateur, en soutenant les efforts de la société civile et des leaders communautaires uvrant pour la paix. Cela nécessite un engagement pour renforcer la paix et assurer la protection des populations vulnérables.
La diplomatie doit être proactive et persévérante. Il ne suffit pas de décréter des trêves temporaires ; il faut établir un cadre durable pour la paix.
Cela exige un engagement à long terme, où les États-Unis et la communauté internationale collaborent étroitement avec les pays de la région pour s'attaquer aux causes profondes du conflit, telles que l'injustice et l'exclusion sociale.
Dans ce ballet tragique, les États-Unis ont la possibilité de jouer un rôle utile en adoptant une approche holistique et inclusive. En écoutant toutes les voix, en soutenant les initiatives locales, et en maintenant une pression diplomatique constante, ils peuvent aider à transformer ce labyrinthe de chaos en un chemin vers une paix durable.
Chaque pas, calculé et précis, pourrait alors guider la région vers une nouvelle ère de stabilité et de prospérité.
Pour atteindre une solution durable, la diplomatie doit être fondée sur des principes de justice, d'inclusion et de persévérance.
Les États-Unis doivent démontrer une volonté inébranlable de s'attaquer aux racines profondes du conflit et d'encourager une coopération régionale authentique.
Si cette voie est suivie avec détermination et clairvoyance, la paix peut devenir une réalité tangible. Sinon, l'échec diplomatique continuera d'être alimenté par des sanctions sélectives, des trêves éphémères, et une indifférence aux souffrances humaines, condamnant la région à un cycle interminable de violence et d'instabilité.
Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Le-jeu-trouble-des-Etats-Unis-dans-la-region-des-grands-lacs.html