Les massacres et les exactions perpétrés en République démocratique du Congo se déroulent quasi en temps réel, sous le regard vigilant de l'opinion publique mondiale, suspendue à chaque rapport, à chaque témoignage, à chaque image.
De Bunia à Bukavu, de Goma à Paris, Bruxelles et Londres, les Avocats alertent inlassablement les Nations Unies, dans un effort pressant de porter la voix des populations lésées sur la scène internationale.
Le Collectif des Avocats des Parties Civiles, représentant les communautés Banyamulenge du Sud-Kivu, les Hema de l'Ituri et les Tutsi du Nord-Kivu, attire l'attention urgente sur la situation dramatique qui sévit dans les Hauts et Moyens Plateaux du Sud-Kivu.
Depuis 2017 jusqu'en 2025, ces communautés font face à un assiége¬ment systématique, à des attaques répétées et à des opérations militaires coordonnées impliquant des unités des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), des milices Maï-Maï Wazalendo, des éléments des FDLR et de manière concertée, des forces de défense nationale burundaise (FDNB).
Ces actions ont provoqué la destruction de villages, des déplacements massifs, le pillage du bétail et une privation prolongée de nourriture, d'eau, de médicaments et d'accès humanitaire.
Ces agissements constituent des violations graves du droit international humanitaire et s'inscrivent dans le cadre d'éventuels crimes contre l'humanité au sens de l'article 7 du Statut de Rome, ainsi que de crimes de guerre visant des civils dans des objectifs militaires, selon l'article 8(2)(b)(xxv).
Ils contreviennent également aux articles 54 et 14 des Protocoles additionnels I et II aux Conventions de Genève, ainsi qu'aux Règles coutumières du DIH 53, 55 et 56.
Malgré les appels répétés des mécanismes de l'ONU et des institutions régionales, aucune mesure protectrice efficace n'a été apportée aux populations assiégées. Les attaques coïncident, de surcroît, avec des négociations de paix menées à Washington et Doha, laissant apparaître une indifférence manifeste des auteurs aux efforts diplomatiques.
L'encerclement continu et le blocage des approvisionnements essentiels ont généré une crise humanitaire sans précédent et s'inscrivent dans une logique de privation de moyens de subsistance qui évoque, par sa persistance et son ampleur, la continuité d'un processus d'extermination ethnique visant la communauté Banyamulenge.
L'aveu explicite du général burundais Baratuza Gaspar, déclarant que les Forces de défense du Burundi " assiègent Minembwe " sous prétexte que les civils collaboreraient avec l'ennemi, souligne la violation flagrante du droit international humanitaire, lequel impose la distinction absolue entre civils et cibles militaires.
Pire, des frappes aériennes récentes sur les villages de Mikenke et Rwitsankuku, effectuées par des drones coordonnés par Kinshasa et le Burundi, ont provoqué la mort de plusieurs civils, seulement deux jours après la signature d'un cessez-le-feu entre Kinshasa et l'AFC/M23 à Doha.
Au regard de cette situation tragique, le Collectif des Avocats des Parties Civiles en appelle solennellement au Conseil de sécurité des Nations Unies pour : ordonner l'ouverture d'une enquête internationale indépendante sur les blocus et le siège des communautés Banyamulenge, identifier les victimes, les préjudices subis et leurs auteurs.
Il exhorter les gouvernements de la RDC et du Burundi à cesser toute coopération facilitant de telles opérations et garantir un accès humanitaire sans restriction à toutes les populations affectées.
Et recommande d'adopter des sanctions ciblées contre les individus et entités responsables de violations graves du droit international humanitaire, afin de rétablir l'État de droit et de concrétiser les engagements récemment pris à Doha.
Des rapports détaillés et des témoignages directs, provenant des dirigeants Banyamulenge de Minembwe, accompagnent cette démarche et attestent de l'urgence d'une intervention internationale.
La conscience de la communauté mondiale est ainsi interpellée pour lever le siège, protéger les civils et soutenir le rétablissement de la paix et de la stabilité dans l'Est de la RDC.
Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Le-cri-de-la-communaute-Banyamulenge.html