Placée sous le thème " 30 ans après Beijing : le rôle des femmes dans la Francophonie ", la conférence coïncide avec le 30ᵉ anniversaire de la Conférence mondiale de Beijing, dont le Programme d'action demeure la référence internationale en matière de droits des femmes et d'égalité de genre.
Un espace francophone en mouvement
La CMF de Kigali intervient après l'édition de 2024 à Paris et réunit les représentants de 65 États et gouvernements membre de l'Organisation internationale de la Francophonie.
Au cours des deux jours de travaux, les ministres doivent adopter les orientations politiques, économiques et stratégiques qui serviront de base au 20ᵉ Sommet de la Francophonie, prévu au Cambodge en 2026. Les discussions porteront également sur la promotion de la langue française, la diversité culturelle, l'éducation, ainsi que le développement durable.
Dans son allocution d'ouverture, Domitilla Mukantaganzwa, présidente de la Cour suprême du Rwanda, a, au nom de l'État rwandais, exprimé " la fierté du Rwanda d'accueillir pour la première fois l'une des hautes instances de la Francophonie ", tout en rappelant que le thème de cette année revêt une importance particulière.
" Adopté en 1995, le Programme d'action de Beijing reste, trente ans après, le cadre international le plus visionnaire pour promouvoir les droits des femmes et l'égalité entre les sexes. "
Évoquant les défis mondiaux actuels, conflits, crise climatique, inégalités socio-économiques, violences basées sur le genre, elle a insisté sur la nécessité d'une forte volonté politique pour préserver les progrès réalisés et bâtir des sociétés plus justes et inclusives.
" À la sortie du génocide perpétré contre les Tutsi en 1994, le Rwanda a fait le choix de se reconstruire en plaçant les femmes au cœur du processus de transformation. "
Par ailleurs, Mukantaganzwa a également souligné la contribution essentielle des femmes dans le système judiciaire :
" Près de la moitié des juges sont des femmes. Au sein des tribunaux Gacaca, elles ont joué un rôle déterminant dans la vérité et la réconciliation et représentent aujourd'hui la moitié des médiateurs de proximité et des travailleurs communautaires actifs à travers le pays ", a-t-elle insisté.
La ministre déléguée française chargée de la Francophonie, Éléonore Caroit, a pour sa part mis en avant l'importance de ce cadre de coopération :
" Avec une langue en partage, la Francophonie porte des valeurs d'ouverture et de coopération concrète. Ce format est parfois plus opérant pour créer des ponts que certains mécanismes aujourd'hui au point mort. "
Elle a assuré que les deux journées permettront des avancées tangibles, saluant l'engagement du Rwanda.
La Secrétaire générale de l'OIF, Louise Mushikiwabo, a de son côté remercié le Rwanda pour l'accueil réservé aux délégations et a rappelé les défis actuels du multilatéralisme, qu'elle a décrit comme " un modèle à bout de souffle ".
Elle a mis en avant les progrès de l'OIF depuis la dernière CMF : appui aux processus électoraux dans plusieurs États, actions contre la désinformation au Liban, en Moldavie et en RCA, promotion de candidats francophones à des postes internationaux et développement de la Francophonie économique, illustré dernièrement au Bénin.
Concernant le thème central, elle a rappelé : " Les femmes sont incontournables dans la cohésion sociale et la transformation de nos sociétés. "
Elle a appelé les États à soutenir le fonds " La Francophonie avec elles ", dédié à l'autonomisation économique des femmes, et à s'engager dans une nouvelle initiative de formation des filles et des femmes aux nouvelles technologies et à l'intelligence artificielle.
Mushikiwabo a en outre salué l'exemple du Rwanda, où 61 % des sièges au Parlement sont occupés par des femmes (63,75 % selon les dernières données), où la parité est largement respectée dans la gouvernance et où de nombreuses femmes dirigent des postes stratégiques.
Elle a également souligné les progrès observés ailleurs dans l'espace francophone, notamment en Asie-Pacifique où le taux d'achèvement scolaire des filles dépasse les 90 %, avec d'excellents résultats au Vietnam.
Les délégations effectueront jeudi et vendredi des visites sur le terrain afin d'examiner les programmes de l'OIF, incluant la formation des enseignants, la préparation des militaires pour les missions de paix et l'autonomisation économique des femmes via l'initiative La Francophonie avec elles.
Alain Bertrand Tunezerwe
Source : https://fr.igihe.com/La-Francophonie-met-l-egalite-femmes-hommes-a-l-honneur-a-Kigali.html
