La diplomatie de la contradiction face à la médiation qatarienne #rwanda #RwOT

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Les médiateurs, d'une patience exemplaire, en sont déjà à la treizième mouture d'un texte que la delegation gouvernementale feint tour à tour d'accepter et de contester, selon la direction du vent politique ou les humeurs du moment.

La médiation espérait, cette semaine encore, faire émerger un framework définissant les contours d'un accord de paix. Mais l'espoir se heurte à la cacophonie d'un pouvoir congolais dont la parole se dérobe, d'un discours à l'autre, au gré des tribunes et des capitales.

Car au fond, le drame congolais n'est pas seulement celui des armes, mais celui du verbe. D'un côté, Kinshasa proclame hautement la nécessité de restaurer l'autorité de l'État, ce qui, dans sa rhétorique, signifie le retrait pur et simple du M23, préalable à toute réintégration politique.

De l'autre, l'AFC/M23 soutient que cette autorité, aujourd'hui en lambeaux, ne saurait être imposée par décret, mais reconstruite dans un cadre négocié, pourquoi pas à travers un gouvernement d'union nationale, capable de refonder la légitimité de l'État.

Entre ces deux visions, le Qatar tente d'imposer un compromis : signer d'abord sur les points d'accord, différer le reste. Mais Kinshasa, fidèle à sa ligne fluctuante, multiplie les volte-face.

L'inconstance du pouvoir congolais, déjà dénoncée dans plusieurs chancelleries, finit par ôter toute crédibilité à sa diplomatie. A Bruxelles comme à Paris, au Caire comme à Doha, l'on observe avec lassitude cette diplomatie des paradoxes : un Président qui, selon la scène, s'érige en pacificateur ou en chef de guerre, un gouvernement qui parle de réconciliation le matin et de vengeance le soir.

Cette duplicité verbale, devenue marque de fabrique du régime, ne trompe plus personne.

Car tandis que Kinshasa proclame son attachement au dialogue, elle continue d'entretenir, sur le terrain, un discours d'hostilité et de défiance. Félix Tshisekedi, dans un accès de ferveur nationaliste, a récemment accusé le Président Kagame de vouloir annexer l'Est du Congo, avant de jurer qu'il était prêt à " tout, même à devenir militaire " pour défendre son peuple.

Cette surenchère martiale contraste cruellement avec les propos conciliants tenus, quelques jours plus tôt, dans les coulisses diplomatiques.

Le pouvoir congolais s'enferme ainsi dans un labyrinthe de contradictions : il appelle à la paix tout en alimentant la guerre, invoque la souveraineté tout en se réfugiant derrière la médiation étrangère, se drape dans le patriotisme tout en échouant à rassembler son propre peuple.

La diplomatie du double langage, devenue un art de gouverner, finit toujours par se retourner contre ses auteurs. Et plus le régime persiste à multiplier les discours contradictoires, plus s'étiole la confiance, celle de ses partenaires, celle de ses citoyens, et peut-être bientôt, celle de l'Histoire elle-même.

À Doha, les négociations entre Kinshasa et l'AFC/M23 s'enlisent dans un théâtre de faux-semblants

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/La-diplomatie-de-la-contradiction-face-a-la-mediation-qatarienne.html

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