Car enfin, faut-il le rappeler, le Président de la République démocratique du Congo n'a nul besoin de devenir militaire : il est, de par la Constitution, Commandant suprême des Forces armées et de la Police nationale.
A ce titre, il incarne non seulement l'unité de la Nation, mais détient l'autorité suprême sur la conduite des opérations militaires, la défense du territoire et la sauvegarde de la souveraineté nationale.
Ce glissement de langage, que d'aucuns auraient pu croire anodin, s'apparente en réalité à un aveu : celui d'un chef d'État désarmé, qui ne mesure ni l'étendue de sa mission ni la gravité des menaces qui pèsent sur son pays. L'observation du Secrétaire général du parti ENVOL, M. Rodrigue Ramazani, vient ici rappeler une vérité élémentaire : le pouvoir ne se rêve pas, il s'assume ; et la responsabilité ne s'improvise pas, elle s'exerce.
Depuis son accession au pouvoir, M. Tshisekedi semble n'avoir jamais su endosser la stature d'un homme d'État. Tantôt bravache, tantôt plaintif, il oscille entre la posture de victime et celle d'accusateur.
Ses discours sont traversés d'emphases creuses, de déclarations impulsives, souvent déconnectées de la réalité institutionnelle et stratégique du pays. Au lieu d'incarner la continuité régalienne de l'État, il s'enferme dans une rhétorique de l'impuissance, préférant dénoncer des " forces extérieures ", des " trahisons internes " ou encore des " complots imaginaires ", plutôt que d'assumer la défaillance du commandement et l'érosion du moral national.
L'armée congolaise, livrée à ses contradictions et à ses improvisations logistiques, manque de vision, de doctrine et de direction claire. Ce désordre ne procède pas du hasard : il est le reflet d'un pouvoir politique sans cap, d'une présidence qui confond communication et stratégie, agitation et action.
Quand le Commandant suprême en vient à rêver de devenir soldat, c'est que la pyramide du commandement s'est inversée, que l'autorité s'est effondrée au sommet et que la parole présidentielle ne commande plus, elle commente.
Il est symptomatique que cette défaillance conceptuelle s'accompagne d'une fuite constante devant les responsabilités. Face aux crises sécuritaires récurrentes, aux massacres de civils dans l'Est, à la montée des groupes armés, à la déliquescence de l'État de droit, Félix Tshisekedi adopte une rhétorique de l'impuissance déguisée en compassion.
Mais la compassion ne protège pas un peuple ; l'émotion ne tient pas lieu de vision. Comme l'écrivait Raymond Aron, " la faiblesse d'un gouvernement n'est jamais une garantie de paix : elle est toujours une invitation à la violence ".
La République démocratique du Congo souffre aujourd'hui moins de l'hostilité de ses ennemis que de la vacuité de sa direction. Un État qui s'abandonne à la confusion entre symbole et pouvoir, entre verbe et autorité, court inévitablement à sa perte.
Gouverner, ce n'est pas s'émouvoir, c'est prévoir. Ce n'est pas déclarer sa disponibilité à se battre, c'est organiser la défense de la patrie.
A l'heure où la nation se cherche des repères, où les provinces martyrisées appellent un leadership fort et lucide, il est tragique de constater que le premier magistrat du pays s'enfonce dans la théâtralisation du désarroi.
L'histoire retiendra sans doute que M. Tshisekedi aura voulu parler au nom du peuple, mais qu'il n'aura su ni l'écouter, ni le protéger, ni le conduire.
La RDC, immense et noble, mérite mieux qu'un capitaine hésitant ou un tribun désorienté. Elle attend un chef, non un commentateur de sa propre impuissance. Car l'impuissance, fût-elle sincère, n'a jamais protégé une nation, elle l'a toujours condamnée.
Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Aveux-d-ignorance-et-d-impuissance-de-Felix-Tshisekedi.html