
Selon le ministère américain de la Sécurité intérieure, les migrants concernés sont tous des criminels condamnés aux États-Unis, pour des faits graves allant du viol d'enfant au meurtre. Leurs pays d'origine respectifs ayant refusé de les reprendre, l'administration américaine a opté pour une expulsion vers un pays tiers, en l'occurrence l'Eswatini. Les autorités américaines ont publié sur les réseaux sociaux les noms, les photos et les accusations retenues contre ces individus, les qualifiant de " barbares ".
L'Eswatini, dirigé depuis 1986 par le roi Mswati III, est régulièrement dénoncé pour ses atteintes aux droits humains. Le pays affirme toutefois que les cinq hommes ne sont que " de passage ", et que leur retour vers leur pays d'origine serait en cours, sous l'égide de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Toutefois, l'agence onusienne a démenti toute implication dans cette opération, selon une déclaration relayée par Reuters.
Le président américain a clairement indiqué que les pays africains qui coopèrent sur les questions migratoires pourraient bénéficier de contreparties économiques ou commerciales. Le 9 juillet, lors d'une rencontre à Washington avec cinq chefs d'État africains, Donald Trump a évoqué la possibilité d'améliorer les relations commerciales avec les nations qui accepteraient d'accueillir des migrants expulsés.
Le Nigeria, également sollicité, a d'ores et déjà refusé de se plier à cette demande. En revanche, l'Eswatini semble avoir accepté le principe, bien que la nature exacte de l'accord passé avec Washington n'ait pas été rendue publique.
Approuvée en juin par la Cour suprême des États-Unis, la mesure autorise désormais le gouvernement à transférer des migrants vers des " pays sûrs " lorsque leur pays d'origine refuse de les accueillir. Une décision qui suscite de nombreuses critiques de la part des organisations de défense des droits humains, dénonçant une instrumentalisation des pays pauvres dans la gestion des politiques migratoires américaines.
En juin déjà, huit autres migrants avaient été expulsés vers le Soudan du Sud, un pays instable et ravagé par les conflits. L'envoi de migrants vers des nations où les droits humains ne sont pas garantis interroge la légalité et l'éthique de ces pratiques.
En effet, l'administration Trump semble vouloir accélérer l'application de ses promesses de campagne sécuritaires, quitte à bafouer les droits des personnes expulsées et à mettre en difficulté les pays appelés à les accueillir.
Pour l'heure, les cinq hommes restent détenus dans les prisons de l'Eswatini, dans l'attente d'un éventuel transfert â" dont la faisabilité et la destination finale restent incertaines.

Alain Bertrand Tunezerwe
Source : https://fr.igihe.com/Les-Etats-Unis-expulsent-cinq-migrants-vers-l-Eswatini.html