
Loin d'être une exhortation sincère au patriotisme éclairé, cette prise de parole relève d'une opération de propagande savamment agencée, dans laquelle la sémantique guerrière se dissimule derrière les oripeaux d'une paix chimérique.
L'intervention du porte-parole du gouvernement s'inscrit dans une logique désormais bien rodée : travestir les responsabilités de l'État en une posture victimaire, exalter une souveraineté de façade tout en orchestrant une mise en scène émotionnelle destinée à galvaniser une opinion publique tenue dans l'ignorance volontaire des faits. Le discours de l'UNIKIN, bien qu'enrobé d'un lexique pacifique, épouse en réalité les contours d'une rhétorique incendiaire, où l'ennemi est désigné, la menace exacerbée, et l'appel aux armes subtilement insinué.
À cet égard, l'analyse sans concession de l'honorable Moïse Nyarugabo agit comme un salutaire antidote à l'intoxication narrative du pouvoir. Ce dernier démonte, avec rigueur et courage, les rouages d'un double langage devenu systémique : d'un côté, l'invocation incantatoire de la paix ; de l'autre, la promotion larvée d'un climat de confrontation, utile pour détourner l'attention des incuries gouvernementales, des détournements de fonds, et de l'impéritie stratégique manifeste face aux défis sécuritaires.
Le discours de Muyaya ne saurait donc être lu comme un simple dérapage verbal. Il est le symptôme d'une dérive plus large où la parole officielle, vidée de sa probité, se mue en instrument de manipulation collective. En instrumentalisant les émotions patriotiques, en maquillant les défaites militaires en actes héroïques, le régime se forge un alibi commode pour justifier l'inaction diplomatique, la restriction des libertés, et la militarisation croissante de l'espace politique et médiatique.
Ce que dénonce Nyarugabo, en vérité, c'est une opération de camouflage idéologique : un régime aux abois, confronté à ses propres échecs, qui érige la parole mensongère en méthode de gouvernement. Ce n'est plus l'information, mais la fabulation qui irrigue les canaux officiels. La paix devient un slogan vide, une illusion entretenue par les artifices d'un discours martial, où chaque mot semble pesé pour attiser les ressentiments plutôt que les résoudre.
Dans une République où la communication supplante l'action, où la posture tient lieu de politique, le citoyen est sommé d'adhérer à un récit univoque, sous peine d'être taxé de traîtrise ou de complicité avec "l'ennemi". Face à cette dérive orwellienne, la prise de parole de l'honorable Moïse Nyarugabo mérite d'être saluée. Elle invite à une reconquête de la lucidité, à une vigilance civique qui refuse les faux-semblants et réclame des comptes à ceux qui confondent gouverner avec manipuler.
La paix véritable ne naît jamais de la propagande ni de la peur. Elle exige du courage politique, de la transparence et une volonté sincère de réconciliation. À l'exact opposé de la stratégie actuelle du pouvoir congolais, qui instrumentalise la guerre pour mieux conserver ses privilèges, au mépris du sang versé et de la vérité tuée.

Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Ce-que-cache-le-discours-de-Patrick-Muyaya-a-l-UNIKIN.html