Le Ministère des Finances, du Budget et de la Planification Économique a fait cette déclaration lors de sa visite aux bureaux de l'Office Burundais des Recettes (OBR) le vendredi 29 novembre 2024.
Audace Niyonzima a précisé que le gouvernement burundais n'a pas réussi à atteindre l'objectif de 110 milliards de francs burundais attendu durant les quatre premiers mois de l'exercice.
Une partie de la difficulté réside dans la lente progression des bureaux de l'OBR, qui sont chargés de collecter ces recettes, en raison de divers obstacles logistiques et de gestion.
Les autorités de l'OBR sont appelées à intensifier leurs efforts pour surmonter ces défis et améliorer la collecte des recettes fiscales.
La corruption reste l'un des grands défis dans l'atteinte de ces objectifs. Niyonzima a ainsi exhorté les collecteurs d'impôts à être plus rigoureux dans leur travail.
" Nous devons intensifier nos efforts pour assurer une collecte efficace des recettes fiscales. Les collecteurs d'impôts doivent redoubler d'efforts et veiller à ce que toutes les sources de revenus soient correctement enregistrées et taxées ", a-t-il déclaré.
Dans une note adressée aux ministres, Audace Niyonzima a indiqué que son ministère a entamé le processus de révision budget pour ajuster les dépenses aux ressources disponibles, conformément à la Loi organique et aux recommandations du Conseil des Ministres du 27 novembre 2024.
Dans ce cadre, le ministre a annoncé que " tout engagement nouveau de dépenses non prioritaires est suspendu " jusqu'à la promulgation de la loi de finances rectificative pour l'exercice 2024-2025.
L'expert en gestion des politiques économiques, Serges Ntirampebura, a souligné qu'il est crucial pour le gouvernement burundais de revoir sa politique budgétaire en mettant l'accent sur les investissements plutôt que de continuer à augmenter les dépenses de consommation.
Il conseille une réduction des dépenses dans le secteur public, particulièrement en ce qui concerne les salaires des fonctionnaires, afin de concentrer les ressources sur des investissements stratégiques susceptibles de stimuler la production et stabiliser les prix.
" Il est essentiel de réduire le budget de consommation et d'accroître les investissements productifs pour stabiliser les prix à long terme ", a expliqué Serges.
L'exploitation des ressources publiques par certains hauts fonctionnaires
Serges déplore également l'exploitation abusive des ressources publiques par certains hauts fonctionnaires, qui utilisent leur position pour se lancer dans des activités économiques privées, créant ainsi une concurrence déloyale sur le marché.
" Les hauts fonctionnaires qui se lancent dans les affaires en utilisant les moyens de l'État créent un environnement économique où la concurrence est faussée ", a-t-il affirmé.
Il ajoute que cette situation génère des inégalités et empêche l'économie nationale de croître de manière durable.
Optimisme ou déni ?
De son côté, le président Evariste Ndayishimiye, dans ses interventions publiques, reste optimiste quant à l'avenir économique du Burundi.
Il affirme que même les petits paysans du pays bénéficient désormais des améliorations économiques, notamment grâce à une meilleure accessibilité à des produits comme la bière, qu'il considère comme un signe de la qualité de vie en amélioration pour une large part de la population.
" Tout va bien dans notre pays. Les petits paysans vont bien. Chacun est capable de se procurer de la bière ", a déclaré Ndayishimiye.
Il a ajouté que ceux qui critiquent la situation actuelle sont en réalité des personnes jalouses de la prospérité des citoyens, souvent issus des anciens régimes.
Ces propos ont suscité une onde de choc, surtout dans le contexte d'une situation économique jugée catastrophique par de nombreux analystes.
Pour certains observateurs, les déclarations du président relèvent d'un cynisme profond face à une réalité économique difficile.
Le Burundi, en proie à des problèmes structurels depuis des années, est confronté à une inflation galopante, une dette publique croissante, et une diminution des ressources disponibles pour les investissements dans les infrastructures et les services sociaux.
Ces propos du président sont également qualifiés de déni des difficultés réelles que traverse le pays, sans aucune piste d'action concrète à proposer pour améliorer la situation.
Cette position est vue par certains comme une absence de leadership face aux défis économiques majeurs.
Bazikarev