
Panse les plaies qui saignent encore, Ces blessures que le temps n'apaise, Ces silences chargés d'échos, Où hurlent les âmes disparues, Où résonne l'absence infinie.
Rallume la flamme dans l'ombre, Redonne des couleurs aux curs ternis, Que la mémoire ne soit plus fardeau, Mais flambeau pour l'avenir. Se souvenir, bâtir ensemble, Comme un serment inscrit dans la pierre, Comme un chant qui unit les vivants.
Le génocide n'est pas une histoire, Ce n'est pas un livre que l'on referme, C'est un cri figé dans nos curs, Un gouffre que nul ne peut combler, Un deuil que le temps ne clôt pas.
Devons-nous encore nous battre, Pour que le monde comprenne enfin ? Non, pas après trente et un ans, Pas après tant de cendres dispersées, Pas après tant de nuits sans étoiles.
La survie est un fardeau cruel, Un combat que nul ne choisit. Réapprendre à marcher sur des ruines, Reconstruire un toit sans fondations, Chercher un visage familier Là où il ne reste que le vent.
Peut-on juste nous laisser vivre, Nous laisser respirer, Nous laisser pleurer nos morts Sans haine, sans doutes, sans chaînes ?
Je ne le souhaite à personne, Ce vide qui ronge l'âme, Cette colère sourde qui revient, Comme une marée chaque avril.
Alors, s'il vous plaît, Laissez-nous vivre notre deuil, Laissez-nous porter nos cicatrices, Sans les justifier, sans les nier. Laissez-nous pleurer nos absents, Sans devoir, encore et toujours, Expliquer l'inexplicable.
Se souvenir, bâtir ensemble : C'est notre réponse à la douleur, Notre courage au cur du silence, Notre espoir qui refuse de mourir. Laissez-nous vivre.

Iradukunda Liliane
Source : https://fr.igihe.com/Laissez-nous-vivre-Kwibuka-31-Se-souvenir-batir-ensemble.html