La chasse s'étend aux swahili à Kinshasa #rwanda #RwOT

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Loin d'être une simple dérive isolée, cette exaction s'inscrit dans une série d'actes de persécution systématique dont sont victimes ceux dont le faciès ou la langue trahiraient une origine prétendument étrangère. Loin de jouer leur rôle de garants de l'ordre et de la sécurité, les forces de police et même la garde présidentielle participent activement à ces exactions. Tantôt elles ferment les yeux, tantôt elles prêtent main-forte à des foules galvanisées par une rhétorique incendiaire, facilitant ainsi les sévices infligés à ceux qui sont arbitrairement désignés comme des " ennemis de la nation ".

Au lieu de condamner ces dérives et d'y opposer l'autorité de l'État, les instances dirigeantes, par leur silence ou leur discours ambigu, semblent légitimer cette haine grandissante. Les formules creuses sur la diversité ethnique du pays, " nous sommes plus de 450 tribus ", ne dissimulent en rien la tolérance tacite, voire l'encouragement implicite, dont bénéficient ces actes ignominieux.

Plus préoccupant encore, certains hauts responsables politiques adoptent une rhétorique ouvertement incendiaire. Ainsi, Patrick Muyaya martèle que " les Rwandais nous tuent " et qu'il est impératif de " lutter contre le poison rwandais ", tandis que la ministère des Affaires étrangères relaie, devant le Conseil de sécurité de l'ONU, des appels à l'agitation populaire : " La rue va agir, la rue n'a pas de tempérament. "

Loin de rester lettre morte, ces discours belliqueux trouvent un écho retentissant dans l'espace public.

Dans l'Ouest de la République démocratique du Congo, la rue, galvanisée par ces incantations xénophobes, passe à l'acte. Ceux que l'on désigne sous l'étiquette infamante de " Rwandais ", qu'ils soient en réalité tutsi congolais ou simples swahiliphones, sont pourchassés, violentés, et parfois lynchés, sous l'œil complaisant des autorités. Sur les réseaux sociaux, la machine propagandiste s'emballe, relayant sans retenue les appels au rejet et à l'élimination de ces communautés supposément étrangères et traîtresses.

Cette persécution systémique, loin d'être le fruit du hasard, est sciemment entretenue par les rouages mêmes de l'État. Par leur inaction, leur discours incendiaire et leur instrumentalisation des tensions identitaires, les dirigeants congolais portent une responsabilité politique indéniable dans la montée de cette violence ethnocentrée, qui menace à la fois la cohésion nationale et les principes les plus fondamentaux des droits humains.

Dans les artères de Kinshasa, un climat délétère, nourri par une haine viscérale à l'encontre des Tutsi et, plus largement, des locuteurs swahiliphones, déploie ses funestes effets

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/La-chasse-s-etend-aux-swahili-a-Kinshasa.html

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